Saturday, June 2, 2012

Un poil brillant - Un indicateur de bonne santé, de bonnes conditions de vies et de nutrition du cheval?

par Natalija Aleksandrova


Est-ce qu’un poil brillant sur un cheval est toujours un signe de bonne santé interne et externe, signe de conditions de vie correctes et de nutrition appropriée? La réponse est "non".

Comme chez les humains, les sujets présentant toute sortes de pathologies, y compris endocriniens (du métabolisme) peuvent avoir de beaux cheveux, il se produit la même chose chez les chevaux, un poil brillant n’est pas toujours signe de parfaite santé ou de parfaite conditions de vie. Et à l’inverse un poil non brillant ne signifie pas toujours une mauvaise santé et de mauvaises conditions de vie.

J’aimerais commencer par un exemple récent de ma propre expérience de comment la perception des humains peut être manipulée quant à la 'bonne' et 'mauvaise' santé au regard de la brillance du poil, et ce grâce à la mauvaise, ou au manque d’expérience. Dans mon récent article thermorégulation chez les chevaux par temps froids
figure cette photographie:

Poil d'hiver d'un cheval Arabe un jour d'hiver très froid, Europe centrale. Le mécanisme de piloérection en marche — le poil est relevé pour augmenter l'isolation.

Après que cet article ait été lu par des membres d’un grand forum consacré aux chevaux (où la plupart des membres sont des cavaliers), les tout premiers retours que j’aie eue furent une réaction à cette photo. L’une des grandes surprises et une question "Est-ce que ce cheval est malade, ou en cours de guérison, ou a été sevré récemment???"

Ainsi, la première pensée d’un cavalier 'courant' à la vue de ce poil était que — le cheval n’allait sûrement pas bien... La photo a été reprise par plusieurs personnes de ce forum, avec partout la même réaction — 'Ceci est le poil d’un cheval arabe! [choquant]'. Ces cavaliers n’ont jamais eu d’autre expérience que celle d’utiliser ces pauvres êtres, gardés et nourris de manière artificielle dans des boxes, etc... Alors que sur cette photo, vous pouvez voir un cheval arabe en parfaite santé et heureux, qui n’est pas monté ou utilisé de quelque manière par l’homme depuis des années maintenant, qui ne fait que jouer et qui a des conditions de vie complètement appropriées dans le nord de la Pologne où l’hiver peut être particulièrement rude. Qui a un poil d’hiver complètement adapté à cet hiver pour être protégé et qui a été photographié un matin d’hiver où la température était de –27 degrés Celsius, alors que le mécanisme de piloérection des poils était en action. Et qui ressemble à cela l’été:

Photo © K. Jarczewski

Maintenant j’aimerais définir ce qui est 'sain, bon, correct’ pour le cheval.

Garder un cheval au boxe toute la journée, ou une partie de la journée compromet son bien être. (1) Garder un cheval dans des conditions qui compromettent son bien être ne peut en aucun cas être considéré comme 'sain, bon, correct'. Il devrait être évident que 'sain, bon, correct' pour tout animal ne peut résider que dans les conditions propres à son espèce en considération de ce pour quoi il a été conçu par la nature. C’est seulement dans ces conditions de vie qu’il y a une chance pour que l’animal soit en bonne santé mentale et physique.

Un humain soumettant un cheval par la force en exerçant des pressions physiques ou psychologiques (join-up, mors métalliques (8, 9), éperons, cravaches, etc.) compromet son bien être (1, 2), de ce fait se servir d’un cheval en utilisant des méthodes qui se servent de ces sortes de techniques, ne peut être considéré comme 'sain, bon, correct' pour le cheval.

L’utilisation de mors nuit à la santé du cheval. (9, 10)

Entraîner un cheval pour la compétition et faire de la compétition nuit à la santé du cheval. De la même manière qu’il n’existe pas d’athlètes humains en bonne santé (ceux qui payent de leur santé pour gagner avec leur propre sueur et leur propre sang, et non ceux d’un autre être vivant), qui souffrent de différentes blessures au cours de leur vie sportive de haut niveau, il n’existe pas d’ ‘athlètes équins’ en bonne santé. (3)

Le système digestif et le métabolisme du cheval ne peuvent fonctionner correctement que lorsque les comportements alimentaires ne sont pas restreints, c.a.d lorsque le cheval a libre accès en continu à la nourriture et peut se déplacer en troupeau 24 heures par jour. Ces conditions pour une digestion correcte et un bon métabolisme ne se rencontrent jamais chez les chevaux passant leur vie ou une partie de leur vie au boxe. (1, 4, 5, 6)

La pratique courante de ferrer les chevaux lorsqu’ils sont détenus par les humains nuit à leur santé en bloquant/stoppant le mécanisme du sabot et compromet grandement la fonction d’absorption du pied. (7)

Des chevaux détenus et traités selon les pratiques énoncées ci-dessus ont pourtant un poil brillant.

C’est comme pour les pieds — Combien de fois voyons nous des pieds de belle apparence sur des chevaux au boxe et mal utilisés et ferrés pendant des années ? L’extérieur est de belle apparence, alors qu’on trouve à l’intérieur littéralement un ‘vrai bordel’.

Les poils des chevaux et la corne des sabots (de même que les ongles et les cheveux des humains) sont de même nature et faits de la même matière — des cellules mortes rejetées par le corps. Ainsi, de même que la corne des sabots, les cheveux n’ont pas de vaisseaux sanguins, ou aucun autre moyen de les nourrir après qu’ils aient étés produits. (A propos, il est aussi absurde de parler de ‘sole vivante’ en parlant du chorion solaire du pied qu’il est absurde de voir une pub pour shampoing déclarant quelque chose du type ‘redonneront vie et brillance à vos cheveux après trois shampoings parce qu’il n’y a aucun moyen de les complémenter en nutriments, et ainsi de les faire 'ressusciter').

La brillance du poil est une conséquence directe de sa réflexion de la lumière. En général le poil perd sa faculté à briller lorsque son enveloppe externe (cuticule) subit un dommage mécanique et que sa surface n’est plus lisse.

Apprenez seulement quelques bases de physique et vous aurez les trucs pour que votre cheval ait toujours un poil super brillant. .

A quel moment avons-nous le plus de chances de voir un poil brillant sur un cheval? Habituellement lorsque le cheval a son poil d’été avec des poils comportant une structure plus fine plaqués contre la peau et tous dans la même direction (non relevés). Dans de telles conditions, les poils reflètent la lumière de manière plus agréable. Garder un cheval au boxe toute l’année lui prolonge les conditions de la saison estivale. Les poils ne poussent jamais trop longs, il est pansé régulièrement ce qui met les poils dans la même direction et plaqués, et il n’est pas autorisé à aller se rouler ou traîner dans la boue et la poussière, etc. Le pansage régulier stimule la chute plus rapide du poil et la repousse de poils neufs, ainsi les poils endommagés sont plus vite remplacés par des poils soyeux. Les poils rudes, aux surfaces usées — ceux ayant plusieurs facettes — reflètent la lumière dans de nombreuses directions différentes, ainsi ils ne paraissent pas aussi brillants (comparez par exemple, le sigle en chrome sur le capot de votre Mercedes et une couverture en laine).

Le pansage régulier intensifie la circulation sanguine dans le corps qui stimule les glandes sébacées (pilo-sébacées) de la peau à sécréter plus de graisse, qui recouvre chaque poil du pelage qui le rend plus brillant.

L’ajout d’huile dans les aliments peut augmenter la quantité de graisse secrétée par les glandes adipeuses de la peau, ayant pour résultat de rendre le poil plus gras (ou plus brillant), mais nourrir avec de l’huile n’ajoute rien à la santé générale du cheval.
La peau contient les acides gras de la famille des Oméga 9. Vous devriez nourrir avec une huile comprenant des Oméga 9 — puisque le corps du cheval produit déjà ces acides, afin que l’excès de ceux-ci soit secrétés pour rendre le poil plus gras.

Le métabolisme bloqué dans les pieds (de part la ferrure, le parage incorrect, le mouvement insuffisant), qui se rencontre sur la plupart des chevaux au boxe, peut engendrer une pousse de poil plus intense, puisque les poils sont de même nature que les sabots — ils sont constitués de protéines — c’est la manière dont le corps rejette ses déchets métaboliques. Lorsque le métabolisme est bloqué dans les pieds, la peau est surchargée et a besoin de rejeter plus de protéines sous forme de poils. Alors la pousse du poil peut être forcée, et, du fait de la chute plus rapide de chaque poils, ceux-ci n’ont pas le temps de s’user par une existence durable.

Est-ce que vous avez déjà eu la chance d’observer votre cheval par un jour d’été plus froid et plus venteux que d’habitude, ou à la fin de l’été, qui, la veille avait un poil parfaitement brillant et qui a soudain un poil ‘terne’? C’est simplement le mécanisme de piloérection qui se met en marche (par le biais des muscles follicules, les poils on commencé à se relever) pour rendre le pelage plus chaud en y augmentant l’épaisseur d’air. Ainsi chaque poil est orienté dans des directions différentes, et peut-être également ont ils reçus une stimulation pour une pousse soudaine due au temps plus froid — ainsi la surface du poil a juste perdu sa douceur de part ces mécanismes de thermorégulation, et la lumière ne se réfléchit plus aussi bien sur celui-ci et la brillance a disparu. Plus l’hiver est long et froid, plus longtemps le poil reste mat, jusqu’à ce que le corps se soit habitué au froid et que les longs poils se remettent à plat dans la même direction le long du corps.

De même, plus un poil d’hiver est long avec les poils dressés dans différentes directions, plus la poussière reste entre les poils, et avec cette longueur ceux-ci ont moins de chances d’être super brillants.

Un parfait exemple du poil reflétant le réel état du métabolisme chez le cheval — un cheval ayant de la dermite estivale. La dermite estivale est un signe direct d’un défaut du métabolisme. Si vous avez eu la chance de voir un cheval avec une dermite estivale, alors vous avez pu constater que dans la majorité des cas le poil est brillant sur la plupart du corps, mais ils ne vont avoir soit, ni crinière, soit seulement une partie de la queue, seulement des blessures sanglantes à la place. Il se peut également qu’il y ait des blessures cutanées sans poils sur d’autres parties du corps où ils se sont frottés avec insistance.


Cheval avec de la dermite estivale.

Ou, par exemple, ce que l'on peut fréquemment voir chez les chevaux à l'écurie, un poil brillant plein de points sous cutanés, à y regarder de plus près. Points sous cutanés dus à des problèmes métaboliques une fois de plus, mais le poil a toujours l'air brillant. .

Il y a bien entendu des cas où le poil qui pousse est fragile et ce, à cause de problèmes métaboliques dans le corps. Comme par exemple, lorsqu’un cheval recueilli n’a pas reçu assez à manger avant, ce qui a créé des carences et pas assez de nutriments pour ‘nourrir’ la production de poils. La même carence peut se retrouver chez un cheval malade ou souffrant beaucoup, qui brûle toutes les protéines dans les muscles surdéveloppés (trop travaillé) et pour guérir les dommages créés aux organes internes qui sont le plus important pour la vie. Alors ce poil non lisse et piqué ne reflète pas la lumière de manière égale.

On pourrait croire que ce cheval est en parfaite forme — corps athlétique et brillant :


Alors qu’en réalité, ces muscles surdéveloppés sont le signe de quelque chose qui ne va pas chez ce cheval. Normalement le corps d’un cheval est lisse et a une surface ronde, sur laquelle les muscles ne sont pas apparents ou séparés entre eux. Même en mouvement, un cheval ne doit pas ressembler à une illustration de livre d’anatomie sur lesquels on peut apprendre tous les muscles du corps. Muscles anormalement surdéveloppésmuscles surentraînés et contractés de manière chronique qui sont signe de douleur.

Maintenant, en utilisant la brillance du poil comme mesure de bonne santé, d’un régime alimentaire approprié et de bonnes conditions de vie, etc., quel cheval a de meilleurs conditions de vies, est plus en forme, etc. ?


Cette photo est prise en Avril, lorsque les chevaux vivant dans des conditions naturelles perdent les derniers longs poils d’hiver usés.
Cheval de gauche : Jument de 5 ans, jamais débourrée (n’ayant jamais eu de cavalier sur le dos), jamais utilisée de quelque manière que ce soit par l’homme, qui vit dans des conditions appropriées et qui n’a jamais été ferrée. Jamais brossée, perdant naturellement son poil d’hiver.
Cheval de gauche : hongre de 6 ans, gardé au boxe toute sa vie, monté, venant d’être déferré après plusieurs années de ferrure; l’un des problèmes assez visible pour être remarqué par un cavalier ordinaire est sa toux régulière pendant l’hiver ; cette photo a été prise juste après son arrivée à cet endroit, sortant juste de l’écurie, pour vivre dans des conditions appropriées. Brossé et nettoyé régulièrement, couvert en hiver au boxe.
Par définition, la jument est en meilleure santé et a de meilleures conditions de vie.

.

(Voilà quelques informations pour vous faire une meilleure idée de quelle manière les cheveux peuvent être 'doux' ou 'rêches' avec l'exemple des cheveux humains (en Anglais) http://www.hairdressersus.com/under%20the%20microscope.asp)

____________
Références:

1. Prof Z. Jaworski, Prof T. Jezierski, "Welfare of horses living in nature reserve conditions in Poland".
2. Dr Z. Wroblewski, "The welfare of horses and its transgressions in horse breeding, sport and pleasure riding".
3. Editors: E.J.L. Soulsby, J.F. Wade, "Proceedings on a workshop on 'Sporting injuries in horses and man: a comparative approach'", 23–25 Sept, 2004, Lexington, USA
4. L.D. "Importance de la nutrition appropriée aux espèces et habitudes alimentaires des chevaux".
5. Dr R. Al Jassim, Dr T. McGowan, Prof F. Andrews and Dr C. McGowan "Gastric Ulceration in Horses"
6. M.J. Murray, E.S. Eichorn, "Effect of intermittent feed deprivation, intermittent feed deprivation with ranitidine administration, and stall confinement with ad libitum access to hay on gastric ulceration in horses."
7. Dr H. Strasser, "Shoeing: A Necessary Evil?".
8. Dr H. Strasser, "Harmful effects of shoeing".
9. Dr R. Cook, "Bit-induced asphyxia in the horse".
10. Dr R. Cook, "Bit-induced pain: a cause of fear, flight, fight and facial neuralgia in the horse".
11. N. Aleksandrova, "thermorégulation chez les chevaux par temps froids".






No comments:

Post a Comment