Wednesday, September 21, 2011

Deux informations sur le pied nu

UN SABOT SAIN POUR UNE VIE SAINE

Tout d’abord l’ouvrage qui est à l’origine d’une énorme polémique actuellement, à savoir Ferré ou non, et par un maréchal ferrant ou non, est disponible dans sa réédition de 2010 contenant les actualisations des recherches du Dr. méd. vêt. Hiltrud Straßer sur le lien suivant : http://www.filet-a-foin.com/hufe-un-sabot-sain-pour-une-vie-saine.html



LE FERRAGE UN MAL NECESSAIRE

En outre l’ouvrage, publié en Anglais et en Allemand en 2000, qui résume toutes les recherches depuis l’antiquité sur les pieds des chevaux et qui constitue une synthèse de vingt années de recherches du Dr. méd. vêt. Hiltrud Straßer est enfin disponible en Français sur le lien suivant : http://www.roicheval.fr/le-ferrage-un-mal-necessaire,fr,4,073901.cfm



Nous tenons à préciser que ces ouvrages sont une aide informative pour comprendre les différences de mécanismes entre le pied ferré et le pied nu destinés aux propriétaires et aux professionnels. Toutefois, ils n’ont en aucun cas valeur de formation. Et nous rappelons que seuls les pédicures équins ayant suivi la formation longue de trois ans sont certifiés et agréés par le Dr Straßer pour intervenir sur les pieds de chevaux dont ils ne sont pas propriétaires.

Dans la gueule du loup

Par Berenika Bratny et Ruth Roberts

Un cheval est mort lors d’un CSO. Il est mort tel un gladiateur au temps des romains. C’était une véritable fête. Un frisson pour les spectateurs avec une “happy end puisque la cavalière a survécu” comme l’ont relaté les journaux plus tard.

J’ai les images sous les yeux, étape par étape. Une jeune cavalière blonde avec son cheval de seize ans. Sur la première photo on peut déjà voir ce qui va se produire — la cavalière est jetée loin au dessus de la selle, ses mains haut dans le vide. Le cheval exécute, en trébuchant d’avoir touché une barre.

„C’est le record national, tentez-vous de sauter plus haut?” — demanda l'organisateur, comme s’il s’agissait d’un de ces jeux télévisés. Mais là c’est en vrai, il s’agit de vie et de mort. La cavalière, comme si elle était en transe, hoche la tête — elle va prendre le risque. La foule retient son souffle.



Sur un autre cliché je les vois au dessus de l’obstacle, la même situation — les bras en l'air, le corps perd l’équilibre, la bouche et les yeux grands ouverts dans lesquels se lit la peur. Le cheval amorce la réception, la tête en direction du sol et l’encolure se pliant sous le poids du corps musclé qui suivait.







Cliché suivant — ils sont étendus côte à côte. Au loin on peut imaginer quelques personnes se précipiter pour venir en aide.



Le corps du cheval est masqué par des véhicules de manière à cacher son état aux spectateurs, ceci afin de ne pas nuire au spectacle. Le commentateur suggère à la foule que le cheval va être transporté dans un centre de soins pour se rétablir. Est-ce que c’est envisageable, ou est-ce plutôt pour rassurer la foule et lui faire croire que tout va continuer comme avant? Est-ce une blague? Plus tard, ils ont trainé son corps, toujours en vie. Un crime se cache, refermant le pont du van, pour épargner nos yeux, ne tenant plus compte de la dignité du cheval qui a risqué sa vie en ayant voulu tout donner dans un saut pour satisfaire le rêve d’une cavalière. Est-ce que nous voulons ignorer qu’il n’y a plus d’espoir pour ce cheval maintenant, et que sa vie n’est prolongée que jusqu’à ce qu’il disparaisse de la vue du public et qu’ensuite surviendra très vite son dernier souffle.

La cavalière va être emmenée à l’hôpital, juste au cas ou. Nous pouvons être rassurés maintenant — elle n’est pas blessée. Quoi que?

Je me demande quels sentiments elle va avoir à la suite de cette tragédie. Va t’elle avoir la chance de faire une introspection avant que des entraîneurs réputés lui demandent de ‘se remettre en selle’ pour affronter et dominer sa peur ?

J’essaye de l’imaginer, petite fille, lorsqu’elle a commencé cette aventure avec les chevaux. Lorsqu’elle s’est rendue dans les boxes pour la première fois. Elle n’aurait jamais pensé qu’elle tuerait son cheval dans le futur. J’ose espérer qu’elle aimait ces animaux. Elle rêvait peut-être à une possible communication sans barrières, comme n’importe lequel d’entre nous lorsque nous avons fait nos premiers pas vers eux.

Que s’est-il passé? A quel moment est survenu le premier conflit — aimant son cheval puis l’utilisant comme un faire valoir. A quel moment les récompenses de la domination sont elles devenues plus importantes, en comparaison au souvenir d’une relation douce et innocente ? Cette première fois. S’en souviendrait-elle? Etait-ce lorsqu’elle avait passé son pantalon d’équitation blanc, pour faire son premier concours, étant capable de forcer un cheval à obéir ou le frisson d’une victoire? Quelque part, quelqu’un à un certain moment, lui avait dit de ne pas écouter le cheval, de ne pas regarder les signaux qui auraient potentiellement pu lui éviter de tomber. Lorsqu’elle est entrée dans l’écurie pour la première fois personne ne lui a dit vers quoi elle se dirigeait et ce qu’il y avait devant elle. Elle doit s’en rendre compte maintenant, si les mots des entraîneurs réputés ne la rendent pas sourde puisqu’ils doivent crier bruyamment afin de conserver leur emprise, leur statut d’autorité ne devant pas être entaché.

Tout cela s’est produit comme dans un jeu de dominos. La première pièce à tomber a dû être celle où on lui a dit d’utiliser des “ aides plus fortes” à l’abord. Le reste suit naturellement — la spirale de peur et de frustration. La dernière pièce du jeu, une quinzaine d’années plus tard, correspond à la mort de son cheval. Cela a dû commencer lorsqu’elle était petite fille et qu’elle a été forcée de faire ressauter son poney après un refus.

Peut-être un jour passé, il y a longtemps, elle le mis à l'attache dans l'écurie, elle le lava, lui passa de l'huile, du shampoing et d'autres produits, puis utilisa tous ces instruments qui rendent un cheval mécontent et se demanda enfin pourquoi ce vieux hongre ne ressemblait pas à ces chevaux pleins d'allant, crinière au vent de ses posters? Elle chercha des conseils. les entraineurs professionnels l'auront rassuré, “ voilà à quoi ressemble” un cheval “normal”.

Ils continuent de clamer que ce qu’ils font est du ” vrai sport.” Quel type de sport repousse les limites de l’endurance. Tous le font. Toutefois, est-ce que l’animal a le choix? Est-ce que nous sommes capable de le reconnaître, ou allons nous continuer à dire “c’est ton travail”? N’était-ce pas ce que l’on disait et ce que l’on faisait aux esclaves ? Quand cela a t'il commencé ?

Le système auquel nous nous sommes résignés ou dans lequel nous sommes entré crée les succès et les défaites. Quelle est notre position selon la façon dont celui-ci justifie la sienne? Nous parlons des évolutions quotidiennes de la vie. Voyons l'étape suivante. Le jugement et la victoire pose les jalons, selon ses règles, de ce qui doit faire notre joie ou notre déception. Ce système finit par nous étouffer et nous broyer. Que reste t'il, des restes d'humains ou de chevaux?

La cruauté que nous voyons dans ces images n’est pas réduite aux prémices de la mort d’un être innocent, auquel on a ordonné tout cela sans lui demander s’il était valable de prendre ce risque et d’en souffrir les conséquences. Qu’est-ce qui vaut le mieux — la vie ou la mort? Vous dites qu’il aurait peut-être voulu franchir cette barrière pour sa survie. Et ensuite, qu’est-ce qui va suivre?

En ce qui me concerne, je m’interroge quant aux individus qui ont été témoins de cette tragédie, ont ils été choqués, horrifiés, énervés, en proies à la peur? Quel parti vont-ils prendre et comment vont ils le justifier? Qui aura été sensibilisé par cette situation et qui aura automatiquement occulté ce fait de sa mémoire ? Sommes nous capables de redescendre à un niveau de conscience où nous réalisons qui nous sommes devenus et sommes nous capable de réévaluer et d’explorer tout ce que nous avons accepté avec aveuglement ?

En regardant, sur différentes photos, toutes ces têtes innocentes coiffées de leurs bombes, remplies d’amour pour leurs poneys, n’êtes vous pas effrayés ? Ces enfants sont sur le point de se jeter dans la gueule du loup et tout ce que nous faisons est d’applaudir des deux mains, heureux. Comme c’est terrifiant.

Photo by Krzysztof Jarczewski.

Saturday, September 17, 2011

Parage chez les chevaux

Dr W. Robert Cook, FRCVS.,PhD.

SIR, - Le pied du cheval est un exploit de l’évolution. L’homme le modifie au péril de la vie du cheval. Pour fonctionner correctement et rester en forme, le pied a besoin d’une sollicitation constante, d’expansion et de contraction.

Guillaume le Conquérant (1066) peut être blâmé pour avoir introduit en Grande Bretagne les principes de stalles et de ferrure chez le cheval. Il en a plus tard subi la dure justice lorsque son cheval trébucha, tomba et lui roula dessus. Il mourut du fait d’avoir été frappé par son pommeau mais l’origine de l’accident ne fut pas reconnue. Ainsi l’habitude d’emprisonner les chevaux et de leur fixer les pieds dans de l’acier ne fut pas remise en question au cours des huit siècles suivants, jusqu’à ce que Bracy Clark (1809), l’un des premiers vétérinaires diplômé du Royal Veterinary College, commença à publier son iconographie sur le soin du pied.

Clark faisait référence au pied en disant “cet organe magnifique” et se lamentait de "sa destruction par le ferrage habituel." Il décrivait comment il s’était rendu compte de la capacité du pied sain (non ferré) à s’élargir lorsqu’il était soumis à du poids. "Ce n'est qu’après beaucoup de déceptions devant l’insuccès du traitement consistant à mettre les chevaux à l’herbe pour soigner leurs pieds, que j'ai commencé à l'appréhender ; c'était la résistance trop solide de la chaussure et des ongles(clous) à un organe doté d'un haut degré d'élasticité naturelle, qui a produit ces effets." Pour prouver que le ferrage avait empêché l'expansion nécessaire "une expérience était nécessaire d'une description très simple, celle consistant à faire des moulages en plâtre d’un même pied pendant plusieurs années et de les comparer entre eux. Et l'évidence obtenue était, une diminution annuelle constante et un durcissement du pied, dû à la rigidité de son protecteur." Il a noté que le pied devenait année après années de plus en plus étroit. Les pieds étaient"réduits par le ferrage aux deux tiers de sa taille naturelle! Et durcis avec de l’ossification là où il ne devrait pas y avoir de partie osseuse." Il reconnu que cette sérieuse "diminution de volume" était si répandue qu’un pied déformé était pris par les enseignants pour un pied sain. Clark nota que la ferrure fut introduite au moyen age et que "la lenteur de l’apparition de ses conséquences" fit qu’elles passèrent inaperçues "provoquant au cheval plus de souffrances que toutes les autres cruautés et erreurs réunies."

Pour ses opinions hérétiques, Clark fut insulté et ridiculisé par ses collègues et ses découvertes furent supprimées. Deux siècles supplémentaires passèrent avant qu’en Allemagne, une vétérinaire arrive indépendamment aux mêmes conclusions (Strasser 1998). Strasser a démontré que lorsque les chevaux étaient entretenus de manière adaptée, ils étaient plus heureux, en meilleure santé, faisaient de meilleurs athlètes sans plaques d’acier à leurs pieds. Malheureusement, sa recherché, bien qu’étudiée avec enthousiasme et mise en pratique avec succès par des milliers de propriétaires à travers le monde a rencontré un mélange semblable d’hostilité et de falsification par la profession vétérinaire comme cela avait été le cas pour Bracy Clark.

Jusqu’à présent aucun des tenants de la ferrure parmi les vétérinaires n’a publié d’arguments scientifiques pour réfuter l’hypothèse du pied nu. La littérature favorable au fers ignore tout simplement les nouvelles recherches. Les citations des publications des pionniers du pied nu comme Strasser et Jackson (1997) brillent par leur absence. Mais la science dépend du dialogue et avance grâce à un processus de corrections permanentes. Si les tenants de l’école basée sur la pose de fers sont en désaccord avec la gestion du cheval pied nu, totalement ou partiellement, il leur incombe de publier leurs raisons. On ne compte plus les milliers "d’expériences naturelles" du pied nu de part le monde qui ont démontré que l’immobilisation d’un cheval et la fixation à ses pieds de cercles d’aciers à l’aide de clous est douloureuse. Les Vétérinaires qui continuent à soutenir la maréchalerie (étymologiquement, à savoir l’usage d’acier pour le soin du pied) ne sont plus en accord avec le serment d’Hippocrate.

En désavouant le pied nu, la profession répète l’erreur qu’elle a faite il y a deux cents ans. Premièrement, c’est manquer une fois de plus l’opportunité de contribuer fondamentalement au bien être du cheval.
Deuxièmement, c’est le risque d’être perçu par les propriétaires de chevaux avertis comme incompétents & inutiles sur le sujet du soin des pieds, ainsi qu’une entrave à toute réforme.
Troisièmement, les étudiants vétérinaires continuent à être désinformés et induits en erreur. L’opinion publique, les organisations de défense des animaux et les juges sont également dans l’ignorance, et sont à l’origine de récentes erreurs (voir aberrations) judiciaires.

En tant qu’observateur de cette triste situation, j’ai tenté d’alerter les vétérinaires équins des mérites de la gestion pieds nus (Cook 2001 a & b, 2002, 2003 a & b, 2004, Cook et al 2006). Quelques vétérinaires ont publié leurs conclusions en soutien (voir, Teskey, 2005, 2006 a & b, et Roberts 2005). Mais le nombre de vétérinaires voulant s’élever et combattre pour ce sujet important sont encore très peu nombreux. C’est pourquoi j’étais ravi de lire la lettre de Deborah Collings dans laquelle elle exprimait sa "déception qu’il semble y avoir si peu d’intérêt ou de compréhension, de la méthode de parage pieds nus dans les professions vétérinaires et de maréchaux-ferrants (VR, November 11, 2006, vol 159, p688). Je me joins à elle dans cet appel à la vérité sur le pied."

Un cheval emprisonné avec des chaînes d'acier clouées à la peau de ses pieds est un cheval condamné…


Robert COOK, 206 Birch Run Road, Chestertown, Maryland 21620 USA


Références:
CLARK, B. (1809) A Series of Original Experiments on the Foot of the Living Horse. Royal Veterinary College Library Collection, London.
COOK, W.R. (2001a) Educated owners and barefoot horses: An Open Letter to Veterinarians. J Equine Vet Sci 21: 471-473.
COOK, W.R. (2001b) On Talking Horses: Barefoot and Bit-free. Natural Horse Magazine 3: 19 & 43
COOK, W.R. (2002) On "Mouth Irons," "Hoof Cramps," and the Dawn of the Metal-free Horse. Natural Horse, Vol 4, Issue 4
COOK, W.R. (2003a) Professional Dismissiveness of Equine Barefootedness. J Equine Vet Sci, 23, 564 566
COOK, W.R. (2003b) Remove the Shoes. Thoroughbred Times, September 6 Vol 19, # 36, p 18
COOK, W.R. (2004) Horseshoes Totally Indefensible. J Equine Vet Sci. 24, 266
COOK, W.R, STRASSER, H, and De BEUKELAER, E.R.J. M. (2006) Compliance with Physiology as the Foundation for Animal Welfare Guidelines: Exemplified by the rehabilitation of the horse's foot & mouth. In press, Animal Welfare
JACKSON, J. (1997) The Natural Horse. Second edition. Star Ridge Publishing, Harrison, AR
ROBERTS, S (2005) Unnecessary and Inappropriate Shoeing. J Equine Vet Sci 25: 123-124
STRASSER, H. (1999) Shoeing: A Necessary Evil? Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
STRASSER, H. & KELLS, S. (1998) A Lifetime of Soundness. Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
STRASSER, H. and KELLS, S. (2001) The Hoofcare Specialist's Handbook: Hoof Orthopedics and Holistic Rehabilitation. Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
TESKEY T.G. (2005) The Unfettered Foot: A Paradigm Change for Equine Podiatry. J. Equine Vet Sci 25: 77-83
TESKEY T.G. (2006a) Breaking Traditions: A Veterinary Medical and Ethical Perspective on the modern day Usage of Steel Horseshoes. Online at http://www.equinextion.com/id34.html
TESKEY T.G. (2006b) The Self-Trimming Hoof: A Gold Standard for Hoof Care Providers Worldwide. The Horse 's Hoof. Issue 23, 1-2.
GUILLAUME, Duc de Normandie. (1066) Tapisserie de Bayeux