Saturday, September 17, 2011

Parage chez les chevaux

Dr W. Robert Cook, FRCVS.,PhD.

SIR, - Le pied du cheval est un exploit de l’évolution. L’homme le modifie au péril de la vie du cheval. Pour fonctionner correctement et rester en forme, le pied a besoin d’une sollicitation constante, d’expansion et de contraction.

Guillaume le Conquérant (1066) peut être blâmé pour avoir introduit en Grande Bretagne les principes de stalles et de ferrure chez le cheval. Il en a plus tard subi la dure justice lorsque son cheval trébucha, tomba et lui roula dessus. Il mourut du fait d’avoir été frappé par son pommeau mais l’origine de l’accident ne fut pas reconnue. Ainsi l’habitude d’emprisonner les chevaux et de leur fixer les pieds dans de l’acier ne fut pas remise en question au cours des huit siècles suivants, jusqu’à ce que Bracy Clark (1809), l’un des premiers vétérinaires diplômé du Royal Veterinary College, commença à publier son iconographie sur le soin du pied.

Clark faisait référence au pied en disant “cet organe magnifique” et se lamentait de "sa destruction par le ferrage habituel." Il décrivait comment il s’était rendu compte de la capacité du pied sain (non ferré) à s’élargir lorsqu’il était soumis à du poids. "Ce n'est qu’après beaucoup de déceptions devant l’insuccès du traitement consistant à mettre les chevaux à l’herbe pour soigner leurs pieds, que j'ai commencé à l'appréhender ; c'était la résistance trop solide de la chaussure et des ongles(clous) à un organe doté d'un haut degré d'élasticité naturelle, qui a produit ces effets." Pour prouver que le ferrage avait empêché l'expansion nécessaire "une expérience était nécessaire d'une description très simple, celle consistant à faire des moulages en plâtre d’un même pied pendant plusieurs années et de les comparer entre eux. Et l'évidence obtenue était, une diminution annuelle constante et un durcissement du pied, dû à la rigidité de son protecteur." Il a noté que le pied devenait année après années de plus en plus étroit. Les pieds étaient"réduits par le ferrage aux deux tiers de sa taille naturelle! Et durcis avec de l’ossification là où il ne devrait pas y avoir de partie osseuse." Il reconnu que cette sérieuse "diminution de volume" était si répandue qu’un pied déformé était pris par les enseignants pour un pied sain. Clark nota que la ferrure fut introduite au moyen age et que "la lenteur de l’apparition de ses conséquences" fit qu’elles passèrent inaperçues "provoquant au cheval plus de souffrances que toutes les autres cruautés et erreurs réunies."

Pour ses opinions hérétiques, Clark fut insulté et ridiculisé par ses collègues et ses découvertes furent supprimées. Deux siècles supplémentaires passèrent avant qu’en Allemagne, une vétérinaire arrive indépendamment aux mêmes conclusions (Strasser 1998). Strasser a démontré que lorsque les chevaux étaient entretenus de manière adaptée, ils étaient plus heureux, en meilleure santé, faisaient de meilleurs athlètes sans plaques d’acier à leurs pieds. Malheureusement, sa recherché, bien qu’étudiée avec enthousiasme et mise en pratique avec succès par des milliers de propriétaires à travers le monde a rencontré un mélange semblable d’hostilité et de falsification par la profession vétérinaire comme cela avait été le cas pour Bracy Clark.

Jusqu’à présent aucun des tenants de la ferrure parmi les vétérinaires n’a publié d’arguments scientifiques pour réfuter l’hypothèse du pied nu. La littérature favorable au fers ignore tout simplement les nouvelles recherches. Les citations des publications des pionniers du pied nu comme Strasser et Jackson (1997) brillent par leur absence. Mais la science dépend du dialogue et avance grâce à un processus de corrections permanentes. Si les tenants de l’école basée sur la pose de fers sont en désaccord avec la gestion du cheval pied nu, totalement ou partiellement, il leur incombe de publier leurs raisons. On ne compte plus les milliers "d’expériences naturelles" du pied nu de part le monde qui ont démontré que l’immobilisation d’un cheval et la fixation à ses pieds de cercles d’aciers à l’aide de clous est douloureuse. Les Vétérinaires qui continuent à soutenir la maréchalerie (étymologiquement, à savoir l’usage d’acier pour le soin du pied) ne sont plus en accord avec le serment d’Hippocrate.

En désavouant le pied nu, la profession répète l’erreur qu’elle a faite il y a deux cents ans. Premièrement, c’est manquer une fois de plus l’opportunité de contribuer fondamentalement au bien être du cheval.
Deuxièmement, c’est le risque d’être perçu par les propriétaires de chevaux avertis comme incompétents & inutiles sur le sujet du soin des pieds, ainsi qu’une entrave à toute réforme.
Troisièmement, les étudiants vétérinaires continuent à être désinformés et induits en erreur. L’opinion publique, les organisations de défense des animaux et les juges sont également dans l’ignorance, et sont à l’origine de récentes erreurs (voir aberrations) judiciaires.

En tant qu’observateur de cette triste situation, j’ai tenté d’alerter les vétérinaires équins des mérites de la gestion pieds nus (Cook 2001 a & b, 2002, 2003 a & b, 2004, Cook et al 2006). Quelques vétérinaires ont publié leurs conclusions en soutien (voir, Teskey, 2005, 2006 a & b, et Roberts 2005). Mais le nombre de vétérinaires voulant s’élever et combattre pour ce sujet important sont encore très peu nombreux. C’est pourquoi j’étais ravi de lire la lettre de Deborah Collings dans laquelle elle exprimait sa "déception qu’il semble y avoir si peu d’intérêt ou de compréhension, de la méthode de parage pieds nus dans les professions vétérinaires et de maréchaux-ferrants (VR, November 11, 2006, vol 159, p688). Je me joins à elle dans cet appel à la vérité sur le pied."

Un cheval emprisonné avec des chaînes d'acier clouées à la peau de ses pieds est un cheval condamné…


Robert COOK, 206 Birch Run Road, Chestertown, Maryland 21620 USA


Références:
CLARK, B. (1809) A Series of Original Experiments on the Foot of the Living Horse. Royal Veterinary College Library Collection, London.
COOK, W.R. (2001a) Educated owners and barefoot horses: An Open Letter to Veterinarians. J Equine Vet Sci 21: 471-473.
COOK, W.R. (2001b) On Talking Horses: Barefoot and Bit-free. Natural Horse Magazine 3: 19 & 43
COOK, W.R. (2002) On "Mouth Irons," "Hoof Cramps," and the Dawn of the Metal-free Horse. Natural Horse, Vol 4, Issue 4
COOK, W.R. (2003a) Professional Dismissiveness of Equine Barefootedness. J Equine Vet Sci, 23, 564 566
COOK, W.R. (2003b) Remove the Shoes. Thoroughbred Times, September 6 Vol 19, # 36, p 18
COOK, W.R. (2004) Horseshoes Totally Indefensible. J Equine Vet Sci. 24, 266
COOK, W.R, STRASSER, H, and De BEUKELAER, E.R.J. M. (2006) Compliance with Physiology as the Foundation for Animal Welfare Guidelines: Exemplified by the rehabilitation of the horse's foot & mouth. In press, Animal Welfare
JACKSON, J. (1997) The Natural Horse. Second edition. Star Ridge Publishing, Harrison, AR
ROBERTS, S (2005) Unnecessary and Inappropriate Shoeing. J Equine Vet Sci 25: 123-124
STRASSER, H. (1999) Shoeing: A Necessary Evil? Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
STRASSER, H. & KELLS, S. (1998) A Lifetime of Soundness. Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
STRASSER, H. and KELLS, S. (2001) The Hoofcare Specialist's Handbook: Hoof Orthopedics and Holistic Rehabilitation. Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
TESKEY T.G. (2005) The Unfettered Foot: A Paradigm Change for Equine Podiatry. J. Equine Vet Sci 25: 77-83
TESKEY T.G. (2006a) Breaking Traditions: A Veterinary Medical and Ethical Perspective on the modern day Usage of Steel Horseshoes. Online at http://www.equinextion.com/id34.html
TESKEY T.G. (2006b) The Self-Trimming Hoof: A Gold Standard for Hoof Care Providers Worldwide. The Horse 's Hoof. Issue 23, 1-2.
GUILLAUME, Duc de Normandie. (1066) Tapisserie de Bayeux

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