Friday, June 8, 2012

"Interaction du mors et des rênes avec la bouche des équidés" par le Dr Hilary Clayton: Une réfutation

Par le Prof R. Cook

La science progresse grâce à un processus constant de mises à jour. Les chercheurs proposent des corrections lorsque leurs découvertes ne correspondent pas aux connaissances de leur époque. Ces propositions sont examinées par leurs pairs, les observations sont vérifiées à deux fois et les expériences répétées. Après une durée de scepticisme obligatoire, si les propositions ne peuvent pas être réfutées, elles sont acceptées comme des mises à jour et la nouvelle pensée devient la vision orthodoxe de cette époque; quelque chose qui rejoint même le mirage du consensus scientifique. Après une autre durée de latence, parfois inférieure à celle d’une génération, la nouvelle information est appliquée.


Ceci, en tout cas, est la version théorique ordonnée de la méthode scientifique; affichant les qualités les plus nobles de l’homme. Une telle description cache tout un tas de marchandages entre individus, de controverse et d’autres qualités humaines bien moins attirantes. Quelque soit la forme que prend la bataille, les propositions sont, soit rejetées, tout au moins dans l’immédiat, soient acceptées, mais de manière provisoire, c.a.d, jusqu’à ce que de nouvelles preuves voient le jour. Ce ‘consensus scientifique,’ comme l’écrivait Charles Fort, ne peut être rien de plus que “le bon avis à émettre pendant un certain temps." Les deux faces de la confrontation et de la remise en cause sont inévitables et nécessaires. Dans le processus, les chercheurs marchent sur les pieds des autres et se font marcher dessus. Il est souvent difficile de le faire poliment. Mais à moins que les chercheurs soient prêts à mettre les preuves sur la table et que les autres soient prêts à débattre de leur validité, tout progrès s’arrête là.


Les hypothèses scientifiques (propositions) ne peuvent pas être prouvées, mais, par définition elles doivent être vulnérables pour être désapprouvée. A la conférence de la Société Internationale pour la science équestre de 2011 (ISES), il s’est avéré que ma consoeur, le Dr. vétérinaire Hilary Clayton (2) a avancé un certain nombre de propositions (Clayton 2011) lesquelles peuvent, d’après moi, être démontrées comme fausses à la lumière de nombreuses preuves actuelles. Le but de cet article est d’expliquer pourquoi je suis en désaccord avec ces propositions.


En tant que membre de l’ISES, j’ai reçu un compte rendu de la conférence et j’ai lu l’extrait du Dr. Clayton. Je dois m’excuser, il ne s’agissait que d’un extrait, pas de sa présentation dans son intégralité. J’ai également lu le récent compte rendu de Christa Lesté-Laserre sur la présentation du Dr. Clayton, dans lequel sont cités certains commentaires du Dr. Clayton qui ne figurent pas dans son extrait (Lesté-Laserre 2012). Je n’étais pas présent à cette conférence, je suis donc dépendant de l’extrait du Dr. Clayton et du compte rendu d’une journaliste free-lance comme sources pour ma propre interprétation.


Clayton consacre son extrait aux aspects de l'embouchre sans poser la question plus générale de savoir si des aides utilisant un mors au bout des rênes est même justifiable. En passant outre cette question, elle a – à mon avis – manqué le principal. Premièrement, elle reprend la recherche qu’un de ses anciens étudiants diplômé a mené il y a quelques années, utilisant des clichés radiographiques pour étudier la position de différents mors dans la bouche d’un cheval immobile. Deuxièmement, elle rapporte qu’une étude a montré qu’un groupe de chevaux entraînés (sur tapis roulant) étaient “capable de déglutir embouchés tout en galopant avec la nuque fléchie” [ceci étant souligné]. Troisièmement, elle reprend l’un de ses anciens travaux sur les mesures de tensions de rênes sur des chevaux embouchés trottant en main (avec les rênes sur le côté) et montés au trot assis. Malheureusement, en se focalisant sur trois ‘arbres’ particuliers elle n’a pas vu la ‘forêt’.’ En ce millénaire, la relation entre un cavalier et son cheval a connu une renaissance que Clayton ne semble pas avoir noté. Pour un chercheur sur les équidés de 2011 revenir sur de tels aspects de l’embouchure est semblable au fait de revenir, dans le cadre du traitement des tendons blessés avec un fer rouge, à savoir si la peau doit être brûlée sous forme de lignes ou de points.


Clayton croit, contrairement à moi, que l’usage du mors est acceptable. Dans son extrait, elle écrit, “Il est important de sélectionner un mors adapté et de l’utiliser correctement.” Je ne suis pas d’accord. La sélection et l’adaptation d’une pièce en métal est une punition cruelle et trop courante. Cela n’est rien de moins que de recommander la sélection et la bonne adaptation d’un fer sur la jambe d’un esclave. Quant à son utilisation, vous ne pouvez — à mon avis — pas mieux utiliser un mors correctement sur votre cheval que vous ne pouvez utiliser correctement un tournevis sur votre mari. Les mors infligent de la douleur. Aujourd’hui, la plupart des gens sont d’accord qu’il est mal de frapper un cheval à la tête avec une cravache. Un jour prochain ils seront d’accord pour reconnaître qu’il est mal de frapper le cheval dans la bouche avec un morceau de métal. Non seulement le mors n’est pas dans le meilleur intérêt du cheval, mais il n’est pas non plus dans le meilleur intérêt du cavalier/driver.


Le compte rendu de Christa Lesté-Lasserre indique que Clayton était de l’avis que les tissus mous de la bouche ont une meilleure capacité à absorber la pression du mors que l’os. “La langue du cheval.’ dit Clayton, “peut être très sensible mais elle peut aussi supporter une grande variété de pressions.” Clayton suggère que le cavalier devrait éviter de mettre de la pression sur les parties dures (comme le palais et la mâchoire) et confine la pression sur la langue. Qu’elle ait ou n’ait pas expliqué comment cela pouvait être fait, dans tous les cas, cela renvoie à la question de savoir quelle est la pression acceptable sur la langue. Pour des raisons physiologiques il n’y en a aucune. A part la douleur que cela engendre, la pression d’un morceau de métal étranger sur la langue crée un mouvement de la langue, qui interfère à force, avec la respiration et, de ce fait également avec les grandes ejambées (Cook 1999, 2002, Cook and Strasser 2003).


Etonnamment, il est rendu compte que Clayton aurait dit qu’elle n’est pas convaincue que la bride sans mors soit plus humaine (que le mors). Apparemment elle est d’avis que la focalisation, et de ce fait, les pressions sévères d’une ou plusieurs pièces métalliques sur les os et d’autres tissues mous de la bouche (Fig.1) est plus “aimable, tendre, empathique et pleine de considération” (définition du Webster pour ‘humaine’) que la pression bien répartie et plus douce de bandes sur la peau (Fig. 2).


Si Clayton n’est pas convaincue de l’’ humanité’ de la bride sans mors croissant dessous, tout ce qu’elle a à faire est de le demander au cheval au moyen d’un simple test; retirer la bride avec mors, la remplacer par la bride sans mors croisant dessous et comparer le comportement du cheval. Son manque de conviction, dit-elle, vient de l'études qu’elle a mené qui montrent que la pression de la bride sans mors sur le chanfrein, la nuque et les joues est “assez forte.” Toutefois, elle admet que cette étude en est “toujours à ses débuts.” J’attends avec intérêt la publication de comparaison des données de pressions par centimètres carrés. Je présume qu’elle va comparer, à l’exercice, la force de deux bandes différentes en de nombreux points sur les ‘surfaces’ correspondantes de la peau de la tête du cheval, avec la force en un point unique d’une ou de plusieurs sections circulaires de pièces de métal sur les deux arêtes osseuses qui forment les barres de la bouche, la pression de l’anneau de métal du mors brisé sur le palais (tissus dur), de pièces d’acier sur la langue, l’action du mors de bride qui contracte à l’extrême des lèvres à leurs commissures et l’action de levier de la gourmette sur la mâchoire inférieure. .


Prises indépendamment, je suis d’accord avec la remarque de Clayton “Certaines personnes ont l’impression que si vous retirez le mors de la bouche du cheval, alors vous résolvez de nombreux problèmes – que le mors est une source de douleur.”Exactement ce que je pense! Malheureusement, son message consiste à dire que ceux qui ont cette ‘impression’ ont tort. Dans son idée, le mors ne cause ni douleur ni problèmes. Je suis en désaccord sur les deux points. Le retrait du mors résout une tonne de problèmes. Le cheval démontre par son comportement que le mors est une source potentielle de douleur. De nombreux comportements d’aversion disparaissent lorsque le mors est retiré (Cook 2003, Cook & amp; Mills 2010, Cook and Strasser 2003). Depuis l’an 2000, des milliers de cavaliers et de meneurs, ont répété cette ‘expérience naturelle’ partout dans le monde et vont attester de sa véracité.


Alors Clayton met en garde les hésitants, “Je voudrais vous signaler que retire le mors et mettre simplement de la pression sur le chanfrein du cheval ne saurai être la solution à tout.” Tout d’abord, si Clayton se réfère à la bride sans mors croisant dessous (comme elle semble le faire), il n’est pas vrai de dire que la bride met la pression sur le chanfrein et nulle part ailleurs. La force, telle qu’elle est (c.à.d, nulle part proche de la force d’un mors), est plus forte sur le chanfrein mais est également bien répartie de manière décroissante le long du menton, des joues, avec moins de force sur la nuque. Ensuite, bien que des résultats aient montrés que le retrait de la bride avec mors et son remplacement par la bride sans mors croissant dessous guérit manifestement de nombreux problèmes de comportement et de maladies, je n’ai jamais prétendu qu’elle était la solution à tout; ni qui que se soit, à ma connaissance. Le faire serait oublier les maladies et les problèmes dus à la ferrure, aux selles, à l’incarcération 23 heures sur 24, à l’inadéquation de l’alimentation, etc., etc.


D’après Lesté-Lasserre, Clayton concède qu’une bride sans mors “pourrait être une alternative utile pour les chevaux ne pouvant pas supporter le mors, comme des chevaux avec la langue lacérée.”

Fig.3 Lacération de la langue
(Avec mes excuses au photographe dont j'ai oublié de prendre le nom et que je ne peux pas remercier)

Je me demande quelles sont les causes de ces langues lacérées? Est-ce que ça n’arrive qu’à des langues qui ne peuvent pas ‘absorber la pression’ d’un mors ? La bride sans mors croisant dessous a démontré par d’innombrables ‘expériences naturelles’ qu’elle n’était pas seulement utile, mais préférable pour chaque cheval, cavalier et discipline. Pas une langue n’a été lacérée, une lèvre endommagée, une sur-dent générée ni une prémolaire érodée.


Dans la partie finale de son compte rendu, Lesté Lasserre décrit en quels termes Clayton a parlé de la nécessité du mors et de la bride qui aident les cavaliers à “faciliter la position de l’encolure du cheval à s’arrondir et à la légèreté ...” Un tel commentaire semble aller à l’encontre du constat qui suit, dans lequel Clayton déclare que ses recherches indiquent que les blessures de l’encolure sont très fréquentes chez les chevaux montés. Malgré cela, Clayton parle de manière positive d’ “une position d’encolure requise par une discipline” [ceci étant souligné]. Pour moi, cela sonne comme le discours de la FEI et une défense de l’ hyperflexion (également appelé Rollkur/LDR). Ce qui est sûr, c’est que ce dont il est besoin est une position confortable de l’encolure du cheval. (Cook 2007).

Un cheval est un cheval. Il ne peut pas changer. Si une discipline requiert quelque chose de mauvais pour le cheval, c’est à nous de changer la discipline. Si les raisons humanitaires ne sont pas suffisantes pour apporter ce changement, rappelez-vous que ce qui est bon pour notre cheval est aussi bon pour nous. Une méthode de communication sans douleur est plus efficiente, plus sûre pour le cheval et le cavalier, prévient les maladies, améliore le comportement et permet de meilleurs performance. C’est l’amélioration du bien être ultime, gagnant-gagnant pour les deux athlètes. Pour une interaction harmonieuse cavalier-cheval les rênes ne doivent pas être accrochées à du métal et coincées dans l’une des cavités du corps du cheval. De même que la menace de la main métallique du cavalier ne doit être utilisée pour persuader le cheval de se porter des des positions inconfortables pour des exercices. Cette méthode de communication des mains-à la-bouche est brutale et préhistorique, contre indiquée et contreproductive.


Comme nos écrans d’ordinateurs indiquent de temps à autres, “une mise à jour est disponible.”


Références


Clayton, H.M. (2011): ‘Horse-rider interaction via the reins.’ Proceedings of the 7th International Equitation Science Conference. International Society for Equitation Science p 5-6


Cook, W.R. (1999): “Pathophysiology of Bit Control in the Horse.” Journal of Equine Veterinary Science 19: 196-204
(http://www.bitlessbridle.com/pathophysiology.pdf)


Cook, W.R. (2002): “Bit-induced asphyxia in the horse: Elevation and dorsal displacement of the soft palate at exercise.” Journal of Equine Veterinary Science, 22, 7-14
(http://www.bitlessbridle.com/Article-6.pdf)


Cook, W.R. (2003): Bit-Induced Pain; a cause of fear, flight, fight and facial neuralgia in the horse. Pferdeheilkunde, 19, 1-8
(http://www.bitlessbridle.com/2003%20Pferdeheilkunde.pdf)


Cook, W.R. (2011): “Damage by the bit to the equine interdental space and second lower premolar.” Equine Veterinary Education, 23, 355-360
(http://www.bitlessbridle.com/DamageByTheBit.pdf)


Cook, W.R. (2007). “Why is Rollkur Wrong?” Monograph (51 pages) in the online journal Horses for Life February issue
Part I Available online at http://www.bitlessbridle.com/dbID/296.html
Part II available at http://www.bitlessbridle.com/dbID/297.html


Cook, W.R. and Mills, D.S (2010): "Preliminary study of jointed snaffle vs. crossunder bitless bridle in four horses." Equine Veterinary Journal. Vol. 41, 827-830
(http://www.bitlessbridle.com/CHAexperiment.pdf)


Cook, W.R. and Strasser, H (2003): “Metal in the Mouth: The Abusive Effects of Bitted Bridles.” Sabine Kells, Qualicum Beach, BC Canada


Cook, W.R., Williams, R.M., Kirker-Head, C.A. and Verbridge, D.J. (1988): Upper airway obstruction (partial asphyxia) as the possible cause of exercise induced pulmonary hemorrhage in the horse: an hypothesis. Journal of Equine Veterinary Science, 8:11-26.


Lesté-Laserre C. (2012): “Des chercheurs évaluent l'interaction du mors et des rênes avec la bouche des équidés.” TheHorse.com April 13, 2012
(online at http://academialibertifrance.blogspot.fr/2012/06/des-chercheurs-evaluent-linteraction-du.html)
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le Résumé des recherches du Dr H. Clayton peut être consulté sur le forum d'Academia Liberti (en Anglais):
http://www.academialiberti.de/academia/viewtopic.php?f=6&t=1821
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Un mot d’Academia Liberti en réponse
par Maksida Vogt


  Après avoir lu les faits "scientifiques" du Dr. Hillary Clayton, j’ai recherché sur google pour découvrir qui était cette personne qui promouvait le mors dans la bouche du cheval. Il ne pouvait s’agir d’une RECHERCHE vétérinaire sur ce sujet qui conduise à de tels résultats puisqu’il est évident pour tous les cavaliers combien les changements sont bénéfiques lorsqu’on retire le mors de la bouche sensible du cheval. Il n’y a pas besoin de recherches scientifique pour en faire soi-même l’expérience. Ou certains en ont ils besoin?


Qui sont ceux qui trouvent avantage à emboucher? De part mon expérience, il ne s’agit que de personnes qui veulent forcer un cheval à faire ce qu’il n’a pas envie, ils doivent donc avoir recours à la douleur et à des moyens de contrôle pour accomplir cela.


J’ai lu cette phrase:
"Le Dr. Hilary Clayton étudie la façon dont les mors agissent sur les bouches des chevaux depuis plus de 20 ans."


Je suis abasourdie qu’une personne puisse passer 20 ans à chercher cela et ne comprenne toujours pas ce qu’un cavalier ordinaire comprend en seulement quelques heures d’entrainement avec un cheval sans mors. Ce que n’importe quel individu comprend à la seule vue dans la bouche d’un cheval blessée par un mors. Je suis convaincue que la personne, qui a été employé comme professeur à la chaire de médecine de dressage en sports équestres Mary Anne McPhail à l’université de l’état du Michigan subit la perception de ceux qui emploient le cheval, qui influence forcément le résultat de la recherche. Cette condition préliminaire le Dr. Hillary Clayton l’a nécessairement subit. Si sa position avait été d’être employée par une association de protection des animaux, alors peut-être que la "recherche" aurait donné d’autres résultats? Je suis certaine que ça aurait été le cas.


J’aimerai encourager tous les cavaliers à s’interroger sur les recherches qui paraissent sérieuses au premier abord, à regarder de près qui écrit ces recherches et à qui bénéficient les résultats de ces recherches. J’aimerai encourager tous les propriétaires à faire plus attention aux scientifiques qui "nagent à contre courant" et sont principalement ignorés par le système établi. Ces scientifiques travaillent pour le BENEFICE de votre cheval et non celui de l’industrie, qui vous encourage à causer de la douleur à votre cheval pour obtenir la performance que vous aimez. Nous avons ici un exemple du grand travail du Dr. Cook dont les preuves de la douleur du mors sont crédibles et compréhensibles pour chacun.


Et si vous êtes chanceux et que vous écoutez votre cheval, cela vous conduira ailleurs qu’à la recherche d’une performance de votre cheval quel qu’en soit le moyen, cela vous conduira ailleurs qu’à rechercher comment faire que votre cheval fasse ce que VOUS voulez. Cela vous conduira ailleurs que sous influence de cette industrie, qui vend la douleur du cheval comme étant votre plaisir.


Mais cela vous amènera à votre VERITABLE INTERIORISATION.


Souvenez-vous toujours: "Seuls les poisons morts nagent avec le courant".

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