Wednesday, February 15, 2012

Respecter la nature

par Maksida Vogt

Est-ce que nous savons encore ce que cela signifie? Est-ce que nous nous en souvenons, ou cette sensation est-elle définitivement oubliée ? Lorsque nous constatons comment nous faisons vivre nos chevaux de nos jours, il faut tout simplement admettre que cela manque cruellement. Comment pourrions nous expliquer autrement les écuries dans lesquelles nous retenons les chevaux en captivité derrière des barreaux? Comment expliquer autrement la taille ridicule des paddocks dans lesquels vivent quotidiennement la plupart des chevaux? Oui c’est bien une existence… Ca ne peut certainement pas s’appeler une vie.

Reprenons depuis le début. La domestication a sorti le cheval de son mode de vie et de son habitat naturel, à savoir, la steppe. Ce, uniquement pour les avantages que cela procure à l’homme. Cela rend les chevaux agréables, faciles à avoir sous la main, à atteler ou à monter, et bien entendu : plus facile à abuser. Il s’agit du désir des humains, les chevaux devant agir à la façon de machines, comme et quand les hommes le veulent, sans en attendre grand-chose en retour. Nous avons l’habitude de garder les chevaux au boxe. Pourtant je trouve que nous devrions nous demander pourquoi nous les gardons dans des écuries.
Parce que c’est plus, sûr, plus confortable et moins cher, pour nous… Il n’y a pas d’autre raison, et aucune de ces raisons ne respecte ne serait-ce que les besoins naturels de base du cheval. Les chevaux n’ont pas besoin d’écurie, nous, oui. Bien pire que ça. Nous les rendons malades. Bien des coups de froid et d’inflammations sont le résultat d’écuries trop chaudes et de la tonte. Nous tondons nos chevaux pour les empêcher d’avoir des poils d’hiver trop longs dont ils ont besoin pour se protéger. Et, de ce fait, on peut voir des Haflingers tondus au milieu des montagnes de l’Allgäu, en Bavière…
Nous soignons ces animaux magnifiques, les chérissons à mort, leur rasons les fanons qui protègent les jambes de l’humidité, nous coupons leurs crinières dont ils ont besoin pour se protéger, nous retirons avec des brosses (bouchons et brosses douces) la graisse naturelle de leur peau, qui les protège contre la baisse de température du corps, nous isolons ses pieds du contact du sol, ce qui est pourtant le meilleur soin qui soit, nous détruisons le mécanisme de thermorégulation de la peau avec la tonte… Nous abusons d’eux…Nous rendons nos chevaux malades… Nous devons finir par nous réveiller… Nous devons nous apercevoir qu’aucuns expédient, nettoyage, foin riche, accessoires aux couleurs assorties, ne remplacera la pâture pour le cheval. Il n’y a que là qu’un cheval pourra rester en bonne santé et se sentir comme un cheval.

Les chevaux ont des droits et ils ont des besoins que nous ne respectons pas. Pour un cheval il n’est possible de vivre conformément à son espèce que s’il se sent entièrement cheval. Il doit être né en extérieur, au parc, au milieu d’un troupeau, et c’est là qu’il doit grandir. Il doit être élevé par la jument dominante et l’étalon, il doit jouer avec ses congénères et les embêter, il doit faire l’expérience de combats et de courses avec eux, il doit gagner une place dans la hiérarchie et la conserver. Le jeune cheval a besoin de tout cela pour grandir sainement, tant mentalement que physiquement… C’est naturel, ce sont des besoins de base, c’est essentiel. Alors pourquoi n’est-ce pas respecté ? Pourquoi les poulains sont ils privés de cela dès le premier jour de leur vie. Pourquoi sont ils séparés de leur mères au bout de six mois systématiquement ?
La condition la plus importante pour avoir des chevaux vivants selon les critères de leur espèce est d’avoir un troupeau dans lequel le leader est un bon étalon. Le cheval, en tant qu’animal de proie (et de fuite) ne peut se détendre psychologiquement et se reposer qu’en sachant qu’un membre de rang supérieur, une jument dominante ou un étalon gardien, va surveiller les alentours et donner l’alerte en cas de danger imminent, voire protéger le troupeau si nécessaire. Pendant ce temps, le jeune cheval peut calmement brouter, jouer, somnoler ou dormir.
Les chevaux n’ayant pas connu cela ne peuvent pas le faire et sont souvent très nerveux. Les expériences observées avec, par exemple des troupeaux de mustangs montrent qu’un groupe ne devrait pas contenir moins de six chevaux.


La deuxième condition importante pour le respect d’habitat de l’espèce, et qui est étroitement liée à la première condition réside dans la taille des parcs. C’est un besoin pour le cheval d’entraîner régulièrement son endurance, son coeur, ses fonctions respiratoires et de circulation sanguine. C’est un besoin qui le maintient en bonne santé. Les paddocks se trouvant en Europe, sont, pour la majorité, déplorablement sous dimensionnés. Ils s’apparentent plus à des prisons qu’à un terrain bénéfique au cheval. Oh, évidemment c’est toujours mieux qu’un box, cela va de soi, mais pas assez pour une approche des besoins de base. Il est temps de repenser cela, un changement s’impose très vite.
Les parcs doivent être variés au maximum, avec des arbres et des haies, des collines et des vallons, Et une distance de course continue, au moins 1000 à 1500 mètres doit être disponible. Juste pour donner un aperçu de ce à quoi devrait ressembler l’habitat idéal pour des chevaux pour être adapté à l’espèce, ce serait comme cela: de 20 à trente chevaux avec 40 vaches, tout le temps en liberté bien sûr, sur 150 à 500 hectares de pâture sauvage vallonnée comprenant des arbres et des haies. Et si cela vous paraît être de la science fiction, alors cela doit allumer une lumière rouge en vous qui montre combien notre idée de l’habitat approprié pour les chevaux est fataliste.
Le cheval est un animal de fuite, il doit développer et préserver cette impulsion à fuir, ses réflexes de fuite et sa mobilité de la même manière que ses phases de repos. C’est pour cette raison que les jeux de poulains sont si importants mais bien plus, de grands parcs, suffisamment vastes pour permettre à tous le troupeau de courir sur de longues distances et ainsi de supporter et d’entretenir ce réflexe de fuite et cette endurance.

Et je me demande pourquoi cela n’est pas respecté ? Pourquoi n’est-ce pas accompli? Quand un cheval perd sa confiance en sa capacité de fuite, physiquement, parce qu’il est tenu, emprisonné ou se sent coincé, ou sa capacité physique à fuir parce qu’il est blessé, boiteux, sous alimenté ou sur alimenté il n’est jamais sollicité ou trop travaillé, ou parce qu’il est monté au point que chaque mouvement est synonyme de douleur… Alors ce cheval perd sa volonté de vivre et le courage d’affronter la vie…

L’adage populaire consiste à dire que les chevaux perdent leur âme... Et en effet, si nous regardons autour de nous, ne représentons nous pas le plus cette destruction de l'âme, plus tristes pour contempler les chevaux en troupeau séchant en plein vent qu’avec des langues martyrisées ? Regardez-les! Pouvons-nous en prendre la responsabilité ? Comment pouvons-nous laisser faire ? Allons-nous cautionner cela ?

Ou… allons nous vivre respectueusement avec ces êtres incomparables et leur redonner le droit qu’ils ont de part leur naissance…
Avec respect et amour…

D'après Sadko Solinski

No comments:

Post a Comment