Saturday, October 5, 2013

Rationnement en herbe — cela produit-il l'effet désiré chez le cheval?

Par Natalija Aleksandrova

Suite du sujet sur l'importance du pâturage pour le cheval, commencé ici: http://academialibertifrance.blogspot.fr/2012/06/paturer-essentiel-pour-les-chevaux.html nous allons nous intéresser à une nouvelle recherche du Professeur Paul D. Siciliano et de son équipe publiée récemment. Cette recherche nous apporte plus de preuves détaillées sur le fait que la restriction de la durée de pâturage dans le but de réduire l'obésité et d'autres problèmes métaboliques chez le cheval, ne fait que créer plus de stress au métabolisme et à l'état de santé général. Lorsque la durée de pâturage est limitée, un cheval est capable de consommer plus de trois fois la quantité normale de matière sèche. Une telle charge de nutriments en un temps réduit stresse le système digestif et le métabolisme global.

En plus du stress physique au niveau du corps, cela crée également un stress mental chez le cheval. Ce type de chevaux ne peut pas rester calme au parc, s'attendant à ce que leur temps dehors s'interrompe d'un moment à l'autre, et d'autre part, si on limite artificiellement la zone de pâturages pensant qu'elle se viderait trop vie de ses nutriments, alors cela engendre un stress mental supplémentaire aux chevaux puisque les plus hauts dans la hiérarchie vont passer leur temps à chasser les autres pour venir brouter sur les zones encore fournies en herbe.

La  recherche

Alors que les chercheurs ont depuis longtemps conclu que la perte de poids avait un bienfait sur la santé générale du cheval, personne ne connaissait exactement l'impact d'une restriction de temps de pâturage sur la santé de l'appareil digestif ou sur l'ingestion de nutriments. Un groupe de recherche de l'Université de l'état de Caroline du Nord, dirigé par le professeur Paul D. Siciliano, s'est fixé l'objectif d'enquêter plus précisément pour savoir si l'accès restreint au pâtures affectait le taux d'ingestion des chevaux, leur apport d'énergie, et la fermentation intestinale.

L'équipe a séparé huit hongres tests en quatre groupes et a octroyé à chaque groupe l'accès au parc pendant 3, 6, 9, ou 24 heures pendant sept jours. Après sept jours, l'équipe changeait la durée au parc des groupes sur un nouveau parc. A la fin des quatre périodes d'études, chaque cheval avait été testé sur chaque durée et sur divers parcs.  Lorsqu'ils n'étaient pas au parc, les chevaux étaient sur litière sèche avec accès à l'eau, et à du sel ; les chevaux de groupes qui passaient trois et six heures par jour à l'herbe avaient accès libre à du foin de faible qualité. Tout au long de l'étude, l'équipe a enregistré  la quantité de foin consommé et a recueilli des échantillons de crottins pour chaque cheval chaque fin de cycle de 7 jours.


L'équipe de chercheurs a également mesuré ou estimé la composition des plantes des parcs, et leur teneur en matière sèche (utilisé pour quantifier l'espace nécessaire à un animal), la hauteur de l'herbe, et les préférences des plantes pour chaque période. Ils n'ont pas noté de différences entre les concentrations d'énergies digestibles ou de masses d'herbes pour chaque parc. Bien que moins d'espace soit disponible sur les périodes 2 et 3 par rapport aux périodes 1 et 4.

Les constatations ont donné:
— Que la matière sèche journalière ingérée (herbage plus foin, dans le cas ou du foin était donné) n'était pas affectée par la durée de présence au parc. En d'autres termes, les chevaux consommaient la même quantité quelque soit le temps pendant lequel ils pouvaient brouter.
— L'ingestion journalière la plus élevée de matière sèche — équivalente à 1.4% de poids vif — chez  les chevaux étant au parc durant 24 heures, représente moins que les 2-3% de poids vif suggéré par les recherches précédentes. Siciliano et ses collègues ont suggéré que l'ingestion plus faible de leur étude pouvait être due aux fortes températures au cours de l'étude: Les fortes températures étant un facteur avéré de baisse de consommation pouvant aller jusqu'à 15-20%.
Un taux d'ingestion de matière sèche provenant d'herbage augmentant avec la baisse de temps à l'herbe.Les chevaux étant à l'herbe pendant seulement 3 heures ayant un taux d'ingestion supérieur à ceux pâturant 9 heures ou 24 heures, et les chevaux pâturant 6 heures avaient un taux supérieur à ceux pâturant 24 heures.


Parmi leurs autres découvertes, les chercheurs ont également noté que le PH des fèces des chevaux — qui est influencé par le régime alimentaire et utilisé comme indicateur du PH gastrique — diminuait proportionnellement au temps passé au parc (Un pH plus bas signifiant une plus forte acidité); un environnement acide dans l'estomac (nommé acidité gastrique) peut entraîner des coliques et d'autres problèmes de santé. Ceci montra aux chercheurs que la durée passée au parc affectait la fermentation microbienne des intestins. Les auteurs pensent que le taux accru d'ingestion d'herbage peut avoir joué un rôle dans le PH faible des fèces, particulièrement lorsque les chevaux consomment une herbe de bonne qualité nutritive. Toutefois, malgré le stress, toutes les valeurs de PH étaient comprises dans la fourchette de valeurs considérées comme normales.
 
L'ingestion moyenne d'énergie digestible était plus importante lorsque les chevaux étaient au parc pendant 24 heure, mais la totalité d'énergie digestible ne différait pas en fonction des conditions. les chevaux consommaient respectivement 40%, 66%, 67%, et 94% de leur besoin en énergie digestible avec des durées d'accès au parc de 3, 6, 9, et 24 heures, ce qui signifie que les chevaux augmentaient leur taux de consommation proportionnellement à la durée à laquelle ils avaient accès à l'herbe.

L'équipe a conclu que leurs résultats confirment les croyances selon lesquelles un temps limité de pâturage accroît le taux de consommation et fait baisser le pH des fèces chez le cheval.

“Réduire uniquement la durée qu'un cheval passe au parc ne va pas toujours être le moyen de réduire l'ingestion de calories,” déclarait Siciliano. L'équipe a également pointé que de plus amples travaux étaient nécessaires pur développer les méthodes de prévisions précises pour savoir quel était la quantité d'herbe ingérée pour les groupes restant moins de 24 heures au parc.

L'étude complète, "Effect of Restricted Pasture Access on Pasture Dry Matter Intake Rate, Dietary Energy Intake, and Fecal pH in Horses," a été publié en juin dans le "Journal of Equine Veterinary Science".

***

Si votre pâturage est assez grand pour fournir assez d'herbe à travers les saisons jour et nuit, le temps passé au parc ne doit pas être artificiellement limité pour les chevaux.

Ainsi, tant que possible, au lieu de clôturer la zone d'accès au pâtures pour y laisser l'herbe repousser, lorsque cette zone est limitée, préférez ajouter un foin de bonne qualité en quantité suffisante en plus du pâturage. De cette manière la pâture aura une chance de se reconstituer naturellement, au moins jusqu'à un certain point, puisque les chevaux vont naturellement choisir de consommer plus le foin de bonne qualité, lorsque la qualité de l'herbe diminue fortement du fait de surpâturage.

Les chevaux qui ne sont jamais limités en temps de pâturage ont une vie remplie et heureuse, trouvant nombre d'autres activités sur leur pâture que le pâturage.

Par exemple, se reposer, sommeil profond compris:










Ou jouer:








Communiquer entre eux:








Communiquer avec les humains:






Prendre soin de leur peau et de leur poil:






Trouver des compléments nécessaires:






Ils bougent activement:






Et oui, ils consomment tous les nutriments nécessaires à la vie:








Toutes les photographies sauf la no. 11, Berenika Bratny

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