Saturday, December 10, 2011

L’Equitation de tradition française – le Cadre Noir inscrit au Patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO

L’ENE - IFCE s’en réjouit et y voit la reconnaissance du travail de formateurs de chevaux et de cavaliers des Ecuyers du Cadre Noir, ainsi que de leurs compétences dans la transmission et la conservation du patrimoine équestre français.

L’équitation de tradition française est un art de monter à cheval fondé sur l'harmonie des relations entre l’homme et le cheval. Les principes et processus fondamentaux de l’éducation du cheval sont l’absence d’effets de force et de contrainte, le respect du corps et de l’humeur du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le cheval participe volontairement aux exercices. Le dénominateur commun des cavaliers réside dans le souhait d’établir une relation étroite avec le cheval, dans un respect mutuel visant à obtenir « la légèreté ».

Ce dossier, porté par l’Ecole Nationale d’Equitation, composante avec les Haras Nationaux de l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation, soutenu par le Ministère de la culture, les Ministères de tutelle de l’lFCE et la délégation française à l’UNESCO, est le travail d’une équipe, rassemblée autour de Robert d’Artois, directeur de l’Ecole Nationale d’Equitation, directeur général adjoint de l’IFCE et du Colonel Jean-Michel Faure, Ecuyer en chef du Cadre Noir.

Cette équipe composée d’anciens écuyers en chef, d’ancien directeur de l’Ecole, d’universitaires et de spécialistes de l’histoire de l’équitation remercie la Commission de l’UNESCO réunie à Bali, de l’intérêt porté à l’équitation de tradition française dont le Cadre Noir est le conservatoire vivant.

Contacts :

Robert d’Artois : 06.73.56.21.08

Colonel Jean-Michel Faure : 06.25.10.07.27

Academia Liberti se permet également de féliciter Patrice Franchet d'Espérey, chef du centre de documentation de l'Ecole Nationale d'équitation, pour avoir réussi cette inscription (depuis le temps qu'il travaillait à cela).
Cette inscription met à l'honneur le savoir faire incontesté et la phylosophie des grands maîtres français tels qu'Antoine de Pluvinel, François Robichon de La Guérinière, François Baucher, le comte Antoine d'Aure, Etienne Beudant et leurs successeurs parmi lesquels Patrice Frachet d'Espérey...
Academia Liberti tient cependant à préciser que cette Haute Ecole avec chevaux ferrés et mors de bride ne correspond pas à son idéal de cheval dressé. Ces méthodes et leurs principes étant maintenant reconnues universellement, à nous de montrer que suivant ces principes une communication plus libre et avec encore moins d´aides est possible...

Saturday, October 8, 2011

Une exposition de photos de Krzysztof Jarczewski
Lodz, Pologne

Vernissage le 28 Septembre 2011

Krzyszof Jarczewski, gagnant de plusieurs prix de photographie en Pologne, a réalisé une importante exposition de photographies dans la ville polonaise de Lodz. Dans l'une des galeries les plus fréquentées, il a exposé les clichés qu'il a pris afin de faire prendre conscience aux visiteurs de la réalité de la vie des chevaux lorsqu'ils sont entre les mains des hommes. Cette exposition est intitulée ”Golden cages” (Les cages dorées).



Lors du vernissage la plupart des photos étaient recouvertes d'un film noir — le signe du deuil. Il s'agissait des clichés pris durant des foires de chevaux et au cours de tous les types de compétitions — western, CSO, attelage. Les seules images visibles au début étaient les clichés de chevaux en liberté se roulant joyeusement dans le sable, se baignant dans un marais ou faisant un somme entourés d'amis.




(Krzyszof Jarczewski à droite.)

Alors Krzysztof a expliqué son histoire aux visiteurs. comment il a fait partie du monde du cheval au cours de sa vie et comment il s'est interrogé sur le vrai visage de ce monde. Il a finalement trouvé — le vrai monde du cheval n'est pas celui où ils sont entre les mains des hommes. Puis le photographe, aidé des visiteurs, a commencé à retirer les caches noirs des autres clichés...







La froide réalité de la compétition et des foires de chevaux a choqué de nombreux visiteurs. Accompagnant les images, plusieurs textes étaient affichées aux murs de la galerie — des citations des articles du Dr. Cook sur les mors, “Premium non nocere” de Stormy May et l'histoire de Krzysztof qui débute ainsi:

[i]“Je suis amoureux des chevaux depuis des années. Je les ai photographiés au cours de nombreuses sortes de compétitions. Je voulais participer au “monde du cheval” puisque je pensais que c'était l'endroit où se produisait la magie de la communication entre un homme et un cheval. J'ai accompagné de grands cavaliers lors de leurs victoires en faisant des photos qui ont reçu de nombreux prix.
Mon amour des chevaux m'a également entraîné aux foires de chevaux. L'image triste des ces animaux magnifiques détruits par les hommes m'a poussé à organiser une mobilisation "Protestation de Photographes contre l'abus envers les chevaux" qui s'est déroulé à Skaryszew en 2010.
Cherchant à savoir à quoi ressemblait un vrai cheval libre, je suis allé à plusieurs reprises à la rencontre de chevaux sauvages avec mon appareil photo.
Le travail de Photographe consiste à observer. Quelqu'un qui fait de la photographie animalière doit être patient et calme émotionnellement. Dans ces moments de pure contemplation de la nature environnante j'ai commencé à voir les chevaux d'une toute autre manière.
En observant leur vie en troupeau j'ai réalisé que les cavaliers ne connaissent absolument pas la nature des chevaux. J'ai vu ces animaux qui n'avaient subi aucun préjudice et qui n'avaient jamais été confrontés aux "connaissances équestres" que j'avais eu auparavant. Ce que j'ai vu fut pour moi une véritable révélation et un miracle: la structure du troupeau, l'amitié entre ses membres, les différents types de jeux et leurs façons variées de s'amuser.
Ces chevaux, capables de vivre sans interactions avec les humains étaient fascinants. Ils m'ont fait comprendre combien leur monde est complexe et intéressant.
Les chevaux ne hennissent pas. En revenant au monde équestre, j'ai réalisé que ce que j'avais observé pendant les compétitions n'étaient pas basées sur la confiance mutuelle entre le cavalier et la monture. J'ai regardé les yeux des chevaux de compétition et j'ai vu la douleur, l'agonie et le désespoir.
Pourquoi en est il ainsi? Pourquoi la relation d'un homme avec un cheval est elle basée sur la violence et sur la terreur, pas seulement lors des foires de chevaux mais aussi dans les compétitions internationales et dans les centres équestres?“[/i]


Les cages dorées.
L'exposition présente le monde du cheval vu par l'oeil attentif du photographe. Jetons d'abord un coup d'oeil aux chevaux sauvages et comparons les ensuite aux chevaux dans notre monde d'humains. Est-ce que l'amour que nous prétendons avoir pour ces magnifiques animaux n'est pas une tromperie?

















Wednesday, September 21, 2011

Deux informations sur le pied nu

UN SABOT SAIN POUR UNE VIE SAINE

Tout d’abord l’ouvrage qui est à l’origine d’une énorme polémique actuellement, à savoir Ferré ou non, et par un maréchal ferrant ou non, est disponible dans sa réédition de 2010 contenant les actualisations des recherches du Dr. méd. vêt. Hiltrud Straßer sur le lien suivant : http://www.filet-a-foin.com/hufe-un-sabot-sain-pour-une-vie-saine.html



LE FERRAGE UN MAL NECESSAIRE

En outre l’ouvrage, publié en Anglais et en Allemand en 2000, qui résume toutes les recherches depuis l’antiquité sur les pieds des chevaux et qui constitue une synthèse de vingt années de recherches du Dr. méd. vêt. Hiltrud Straßer est enfin disponible en Français sur le lien suivant : http://www.roicheval.fr/le-ferrage-un-mal-necessaire,fr,4,073901.cfm



Nous tenons à préciser que ces ouvrages sont une aide informative pour comprendre les différences de mécanismes entre le pied ferré et le pied nu destinés aux propriétaires et aux professionnels. Toutefois, ils n’ont en aucun cas valeur de formation. Et nous rappelons que seuls les pédicures équins ayant suivi la formation longue de trois ans sont certifiés et agréés par le Dr Straßer pour intervenir sur les pieds de chevaux dont ils ne sont pas propriétaires.

Dans la gueule du loup

Par Berenika Bratny et Ruth Roberts

Un cheval est mort lors d’un CSO. Il est mort tel un gladiateur au temps des romains. C’était une véritable fête. Un frisson pour les spectateurs avec une “happy end puisque la cavalière a survécu” comme l’ont relaté les journaux plus tard.

J’ai les images sous les yeux, étape par étape. Une jeune cavalière blonde avec son cheval de seize ans. Sur la première photo on peut déjà voir ce qui va se produire — la cavalière est jetée loin au dessus de la selle, ses mains haut dans le vide. Le cheval exécute, en trébuchant d’avoir touché une barre.

„C’est le record national, tentez-vous de sauter plus haut?” — demanda l'organisateur, comme s’il s’agissait d’un de ces jeux télévisés. Mais là c’est en vrai, il s’agit de vie et de mort. La cavalière, comme si elle était en transe, hoche la tête — elle va prendre le risque. La foule retient son souffle.



Sur un autre cliché je les vois au dessus de l’obstacle, la même situation — les bras en l'air, le corps perd l’équilibre, la bouche et les yeux grands ouverts dans lesquels se lit la peur. Le cheval amorce la réception, la tête en direction du sol et l’encolure se pliant sous le poids du corps musclé qui suivait.







Cliché suivant — ils sont étendus côte à côte. Au loin on peut imaginer quelques personnes se précipiter pour venir en aide.



Le corps du cheval est masqué par des véhicules de manière à cacher son état aux spectateurs, ceci afin de ne pas nuire au spectacle. Le commentateur suggère à la foule que le cheval va être transporté dans un centre de soins pour se rétablir. Est-ce que c’est envisageable, ou est-ce plutôt pour rassurer la foule et lui faire croire que tout va continuer comme avant? Est-ce une blague? Plus tard, ils ont trainé son corps, toujours en vie. Un crime se cache, refermant le pont du van, pour épargner nos yeux, ne tenant plus compte de la dignité du cheval qui a risqué sa vie en ayant voulu tout donner dans un saut pour satisfaire le rêve d’une cavalière. Est-ce que nous voulons ignorer qu’il n’y a plus d’espoir pour ce cheval maintenant, et que sa vie n’est prolongée que jusqu’à ce qu’il disparaisse de la vue du public et qu’ensuite surviendra très vite son dernier souffle.

La cavalière va être emmenée à l’hôpital, juste au cas ou. Nous pouvons être rassurés maintenant — elle n’est pas blessée. Quoi que?

Je me demande quels sentiments elle va avoir à la suite de cette tragédie. Va t’elle avoir la chance de faire une introspection avant que des entraîneurs réputés lui demandent de ‘se remettre en selle’ pour affronter et dominer sa peur ?

J’essaye de l’imaginer, petite fille, lorsqu’elle a commencé cette aventure avec les chevaux. Lorsqu’elle s’est rendue dans les boxes pour la première fois. Elle n’aurait jamais pensé qu’elle tuerait son cheval dans le futur. J’ose espérer qu’elle aimait ces animaux. Elle rêvait peut-être à une possible communication sans barrières, comme n’importe lequel d’entre nous lorsque nous avons fait nos premiers pas vers eux.

Que s’est-il passé? A quel moment est survenu le premier conflit — aimant son cheval puis l’utilisant comme un faire valoir. A quel moment les récompenses de la domination sont elles devenues plus importantes, en comparaison au souvenir d’une relation douce et innocente ? Cette première fois. S’en souviendrait-elle? Etait-ce lorsqu’elle avait passé son pantalon d’équitation blanc, pour faire son premier concours, étant capable de forcer un cheval à obéir ou le frisson d’une victoire? Quelque part, quelqu’un à un certain moment, lui avait dit de ne pas écouter le cheval, de ne pas regarder les signaux qui auraient potentiellement pu lui éviter de tomber. Lorsqu’elle est entrée dans l’écurie pour la première fois personne ne lui a dit vers quoi elle se dirigeait et ce qu’il y avait devant elle. Elle doit s’en rendre compte maintenant, si les mots des entraîneurs réputés ne la rendent pas sourde puisqu’ils doivent crier bruyamment afin de conserver leur emprise, leur statut d’autorité ne devant pas être entaché.

Tout cela s’est produit comme dans un jeu de dominos. La première pièce à tomber a dû être celle où on lui a dit d’utiliser des “ aides plus fortes” à l’abord. Le reste suit naturellement — la spirale de peur et de frustration. La dernière pièce du jeu, une quinzaine d’années plus tard, correspond à la mort de son cheval. Cela a dû commencer lorsqu’elle était petite fille et qu’elle a été forcée de faire ressauter son poney après un refus.

Peut-être un jour passé, il y a longtemps, elle le mis à l'attache dans l'écurie, elle le lava, lui passa de l'huile, du shampoing et d'autres produits, puis utilisa tous ces instruments qui rendent un cheval mécontent et se demanda enfin pourquoi ce vieux hongre ne ressemblait pas à ces chevaux pleins d'allant, crinière au vent de ses posters? Elle chercha des conseils. les entraineurs professionnels l'auront rassuré, “ voilà à quoi ressemble” un cheval “normal”.

Ils continuent de clamer que ce qu’ils font est du ” vrai sport.” Quel type de sport repousse les limites de l’endurance. Tous le font. Toutefois, est-ce que l’animal a le choix? Est-ce que nous sommes capable de le reconnaître, ou allons nous continuer à dire “c’est ton travail”? N’était-ce pas ce que l’on disait et ce que l’on faisait aux esclaves ? Quand cela a t'il commencé ?

Le système auquel nous nous sommes résignés ou dans lequel nous sommes entré crée les succès et les défaites. Quelle est notre position selon la façon dont celui-ci justifie la sienne? Nous parlons des évolutions quotidiennes de la vie. Voyons l'étape suivante. Le jugement et la victoire pose les jalons, selon ses règles, de ce qui doit faire notre joie ou notre déception. Ce système finit par nous étouffer et nous broyer. Que reste t'il, des restes d'humains ou de chevaux?

La cruauté que nous voyons dans ces images n’est pas réduite aux prémices de la mort d’un être innocent, auquel on a ordonné tout cela sans lui demander s’il était valable de prendre ce risque et d’en souffrir les conséquences. Qu’est-ce qui vaut le mieux — la vie ou la mort? Vous dites qu’il aurait peut-être voulu franchir cette barrière pour sa survie. Et ensuite, qu’est-ce qui va suivre?

En ce qui me concerne, je m’interroge quant aux individus qui ont été témoins de cette tragédie, ont ils été choqués, horrifiés, énervés, en proies à la peur? Quel parti vont-ils prendre et comment vont ils le justifier? Qui aura été sensibilisé par cette situation et qui aura automatiquement occulté ce fait de sa mémoire ? Sommes nous capables de redescendre à un niveau de conscience où nous réalisons qui nous sommes devenus et sommes nous capable de réévaluer et d’explorer tout ce que nous avons accepté avec aveuglement ?

En regardant, sur différentes photos, toutes ces têtes innocentes coiffées de leurs bombes, remplies d’amour pour leurs poneys, n’êtes vous pas effrayés ? Ces enfants sont sur le point de se jeter dans la gueule du loup et tout ce que nous faisons est d’applaudir des deux mains, heureux. Comme c’est terrifiant.

Photo by Krzysztof Jarczewski.

Saturday, September 17, 2011

Parage chez les chevaux

Dr W. Robert Cook, FRCVS.,PhD.

SIR, - Le pied du cheval est un exploit de l’évolution. L’homme le modifie au péril de la vie du cheval. Pour fonctionner correctement et rester en forme, le pied a besoin d’une sollicitation constante, d’expansion et de contraction.

Guillaume le Conquérant (1066) peut être blâmé pour avoir introduit en Grande Bretagne les principes de stalles et de ferrure chez le cheval. Il en a plus tard subi la dure justice lorsque son cheval trébucha, tomba et lui roula dessus. Il mourut du fait d’avoir été frappé par son pommeau mais l’origine de l’accident ne fut pas reconnue. Ainsi l’habitude d’emprisonner les chevaux et de leur fixer les pieds dans de l’acier ne fut pas remise en question au cours des huit siècles suivants, jusqu’à ce que Bracy Clark (1809), l’un des premiers vétérinaires diplômé du Royal Veterinary College, commença à publier son iconographie sur le soin du pied.

Clark faisait référence au pied en disant “cet organe magnifique” et se lamentait de "sa destruction par le ferrage habituel." Il décrivait comment il s’était rendu compte de la capacité du pied sain (non ferré) à s’élargir lorsqu’il était soumis à du poids. "Ce n'est qu’après beaucoup de déceptions devant l’insuccès du traitement consistant à mettre les chevaux à l’herbe pour soigner leurs pieds, que j'ai commencé à l'appréhender ; c'était la résistance trop solide de la chaussure et des ongles(clous) à un organe doté d'un haut degré d'élasticité naturelle, qui a produit ces effets." Pour prouver que le ferrage avait empêché l'expansion nécessaire "une expérience était nécessaire d'une description très simple, celle consistant à faire des moulages en plâtre d’un même pied pendant plusieurs années et de les comparer entre eux. Et l'évidence obtenue était, une diminution annuelle constante et un durcissement du pied, dû à la rigidité de son protecteur." Il a noté que le pied devenait année après années de plus en plus étroit. Les pieds étaient"réduits par le ferrage aux deux tiers de sa taille naturelle! Et durcis avec de l’ossification là où il ne devrait pas y avoir de partie osseuse." Il reconnu que cette sérieuse "diminution de volume" était si répandue qu’un pied déformé était pris par les enseignants pour un pied sain. Clark nota que la ferrure fut introduite au moyen age et que "la lenteur de l’apparition de ses conséquences" fit qu’elles passèrent inaperçues "provoquant au cheval plus de souffrances que toutes les autres cruautés et erreurs réunies."

Pour ses opinions hérétiques, Clark fut insulté et ridiculisé par ses collègues et ses découvertes furent supprimées. Deux siècles supplémentaires passèrent avant qu’en Allemagne, une vétérinaire arrive indépendamment aux mêmes conclusions (Strasser 1998). Strasser a démontré que lorsque les chevaux étaient entretenus de manière adaptée, ils étaient plus heureux, en meilleure santé, faisaient de meilleurs athlètes sans plaques d’acier à leurs pieds. Malheureusement, sa recherché, bien qu’étudiée avec enthousiasme et mise en pratique avec succès par des milliers de propriétaires à travers le monde a rencontré un mélange semblable d’hostilité et de falsification par la profession vétérinaire comme cela avait été le cas pour Bracy Clark.

Jusqu’à présent aucun des tenants de la ferrure parmi les vétérinaires n’a publié d’arguments scientifiques pour réfuter l’hypothèse du pied nu. La littérature favorable au fers ignore tout simplement les nouvelles recherches. Les citations des publications des pionniers du pied nu comme Strasser et Jackson (1997) brillent par leur absence. Mais la science dépend du dialogue et avance grâce à un processus de corrections permanentes. Si les tenants de l’école basée sur la pose de fers sont en désaccord avec la gestion du cheval pied nu, totalement ou partiellement, il leur incombe de publier leurs raisons. On ne compte plus les milliers "d’expériences naturelles" du pied nu de part le monde qui ont démontré que l’immobilisation d’un cheval et la fixation à ses pieds de cercles d’aciers à l’aide de clous est douloureuse. Les Vétérinaires qui continuent à soutenir la maréchalerie (étymologiquement, à savoir l’usage d’acier pour le soin du pied) ne sont plus en accord avec le serment d’Hippocrate.

En désavouant le pied nu, la profession répète l’erreur qu’elle a faite il y a deux cents ans. Premièrement, c’est manquer une fois de plus l’opportunité de contribuer fondamentalement au bien être du cheval.
Deuxièmement, c’est le risque d’être perçu par les propriétaires de chevaux avertis comme incompétents & inutiles sur le sujet du soin des pieds, ainsi qu’une entrave à toute réforme.
Troisièmement, les étudiants vétérinaires continuent à être désinformés et induits en erreur. L’opinion publique, les organisations de défense des animaux et les juges sont également dans l’ignorance, et sont à l’origine de récentes erreurs (voir aberrations) judiciaires.

En tant qu’observateur de cette triste situation, j’ai tenté d’alerter les vétérinaires équins des mérites de la gestion pieds nus (Cook 2001 a & b, 2002, 2003 a & b, 2004, Cook et al 2006). Quelques vétérinaires ont publié leurs conclusions en soutien (voir, Teskey, 2005, 2006 a & b, et Roberts 2005). Mais le nombre de vétérinaires voulant s’élever et combattre pour ce sujet important sont encore très peu nombreux. C’est pourquoi j’étais ravi de lire la lettre de Deborah Collings dans laquelle elle exprimait sa "déception qu’il semble y avoir si peu d’intérêt ou de compréhension, de la méthode de parage pieds nus dans les professions vétérinaires et de maréchaux-ferrants (VR, November 11, 2006, vol 159, p688). Je me joins à elle dans cet appel à la vérité sur le pied."

Un cheval emprisonné avec des chaînes d'acier clouées à la peau de ses pieds est un cheval condamné…


Robert COOK, 206 Birch Run Road, Chestertown, Maryland 21620 USA


Références:
CLARK, B. (1809) A Series of Original Experiments on the Foot of the Living Horse. Royal Veterinary College Library Collection, London.
COOK, W.R. (2001a) Educated owners and barefoot horses: An Open Letter to Veterinarians. J Equine Vet Sci 21: 471-473.
COOK, W.R. (2001b) On Talking Horses: Barefoot and Bit-free. Natural Horse Magazine 3: 19 & 43
COOK, W.R. (2002) On "Mouth Irons," "Hoof Cramps," and the Dawn of the Metal-free Horse. Natural Horse, Vol 4, Issue 4
COOK, W.R. (2003a) Professional Dismissiveness of Equine Barefootedness. J Equine Vet Sci, 23, 564 566
COOK, W.R. (2003b) Remove the Shoes. Thoroughbred Times, September 6 Vol 19, # 36, p 18
COOK, W.R. (2004) Horseshoes Totally Indefensible. J Equine Vet Sci. 24, 266
COOK, W.R, STRASSER, H, and De BEUKELAER, E.R.J. M. (2006) Compliance with Physiology as the Foundation for Animal Welfare Guidelines: Exemplified by the rehabilitation of the horse's foot & mouth. In press, Animal Welfare
JACKSON, J. (1997) The Natural Horse. Second edition. Star Ridge Publishing, Harrison, AR
ROBERTS, S (2005) Unnecessary and Inappropriate Shoeing. J Equine Vet Sci 25: 123-124
STRASSER, H. (1999) Shoeing: A Necessary Evil? Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
STRASSER, H. & KELLS, S. (1998) A Lifetime of Soundness. Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
STRASSER, H. and KELLS, S. (2001) The Hoofcare Specialist's Handbook: Hoof Orthopedics and Holistic Rehabilitation. Sabine Kells. Qualicum Beach BC Canada.
TESKEY T.G. (2005) The Unfettered Foot: A Paradigm Change for Equine Podiatry. J. Equine Vet Sci 25: 77-83
TESKEY T.G. (2006a) Breaking Traditions: A Veterinary Medical and Ethical Perspective on the modern day Usage of Steel Horseshoes. Online at http://www.equinextion.com/id34.html
TESKEY T.G. (2006b) The Self-Trimming Hoof: A Gold Standard for Hoof Care Providers Worldwide. The Horse 's Hoof. Issue 23, 1-2.
GUILLAUME, Duc de Normandie. (1066) Tapisserie de Bayeux

Tuesday, May 24, 2011

Nuit et Brouillard...

par Berenika Bratny pour Academia Liberti

"J’étais là-bas. J'ai senti que j'allais exploser. Je ne sais pas quoi dire,” — a écrit quelqu’un sur facebook après être revenu de la foire aux chevaux de Skaryszew. Je me sentais de même. Ou même pire. La seule question que j’avais en tête pendant ces 7 longues heures était: “Pourquoi? Pourquoi quelque chose de tel est-il encore possible?” La même question que je m’étais posée après la visite du musée du camp de concentration d’Auschwitz.
Lorsque j’avais une vingtaine d’années je voulais écrire une thèse sur l’ Holocauste. J’ai lu tous ces horribles livres et j’ai ressenti que j’étais incapable de comprendre ce sujet. Il m’était impossible de faire entrer ce monde diabolique dans mon esprit. Je me suis résignée. Ces 7 heures à la foire aux chevaux m’ont fait ouvrir les yeux. Je pourrais écrire ma thèse maintenant.

Pendant la guerre, dans le ghetto de Varsovie, il y avait l’Umshlagplatz — un endroit ou tous les juifs étaient rassemblés pour être déportés. En fait il existait deux types de déportations— L’une allant directement aux chambres à gaz et l’autre menant vers des camps de concentration prolongeant leur vie quelques temps tout en en faisant une torture encore plus grande. Il n’y avait pas d’échapattoir à cette place. Ils restaient là, Des milliers tous les jours, calmes et tranquilles, attendant leur tour. Ils savaient. Et ceux qui les regardaient? Qui les frappaient s’ils essayaient de bouger? Qui les comptaient et qui les poussaient pour en entasser le plus possible dans les wagons? Qui étaient ils?
Maintenant je sais. J’étais sur l’Umshlagplatz des chevaux à la foire de Skaryszew. J’ai vu ces têtes. Il n’y a aucune différence, croyez moi. Des milliers de personnes, grasses ou maigres, jeunes et vieilles, femmes, enfants, hommes. Prenant tous du plaisir à être là. Des hommes avec d’épais bâtons dans les mains tirant les chevaux par la bouche (les mors étant l’objet de luxe le plus délicat que l’on puisse trouver là, il s’agissait généralement d’une chaîne ou d’une corde placée dans la bouche des chevaux) saisissant leurs croupe pour jauger la dose de graisse, frappant avec des cravaches “pour les voir bouger” ou plaçant leurs enfants sur leurs dos pour qu’ils “se fassent plaisir.” Vous pouviez voir des adultes montant des poulains — “Pourquoi pas, ils sont déjà morts ”.



Cet holocauste de chevaux se trouve au milieu de la ville de Skaryszew, qui en fait la publicité comme étant sa belle tradition. Le maire de la ville est également présent. Il vient accompagné d’un orchestre et discourt devant les masses de visages avinés portant des chapeaux de cowboys. Il parle de... l’amour des chevaux dans notre pays. La télévision est là aussi. Plus tard, dans le journal télévisé on verra des images d’une foule bigarrée, un fond sonore musical enlevé et de mignons petits poneys ainsi qu’un vieux monsieur moustachu qui déclare qu’il aime tant les chevaux qu’il va continuer à en élever même s’il ne rentre pas dans ses frais. Nous pouvons être fier de cette tradition — annonce le journaliste et j’ai envie de frapper ma télévision.
La pire des choses que j’aie découverte là-bas me fait perdre espoir. Ca me fait hurler. Aucun des chevaux présents sur toute la foire ne se rebelle ! Ils sont tous tranquilles, tout calmes, attendant leur tour. Ils savent. J’ai compris ce que cela signifiait plus tard, après avoir accusé le coup — cela signifie le travail à coups de fouets, de chambrière ou autres instruments. Cela signifie que la bête qui sommeille en l’homme sait très bien comment contrôler un cheval, comment le frapper ou l’effrayer afin de le soumettre. La bête gagne le jeu. Pourquoi ces gens choisiraient ils un autre moyen? Ils ne le feront jamais parce qu’ils savent ce qui fonctionne le mieux — la violence.
Certains chevaux sont si déprimés qu’ils ne se rendent même plus compte de ce qui se passe autour d’eux. Certains sont si effrayés que je n’oublierai jamais leurs yeux exorbités et l’odeur de leur sueur mélangée à l’odeur de la viande grillée des frites et d’autres plats préparés dans des stands au milieux d’autres où l’on trouvait du matériel d’équitation, éperons, mors et bien sûr cravaches. Les cravaches étaient partout. Tout le monde portait un chapeau de cow boy (certains étant même excentriques roses ou rouges “pour le fun” comme tout le reste ici) et un fouet dans les mains. Il y a les longues chambrières et les petites cravaches, il y a celles avec les rubans dorés ou les pompons roses — pour les enfants je suppose.
Vous souvenez-vous de ce monstre répugnant du livre de Swift? Cette bête à l’allure humaine qui rognait la viande et qui attendait avec impatience de tuer un cheval en guise de vengeance ? Eh bien cette bête existe vraiment, elle est là — à la foire. Multipliée par milliers.



J’étais aussi effrayée que si j’avais été en enfer pendant ces 7 heures. Je n’ai jamais eu autant d’adrénaline dans le corps. Ils n’ont pas été agressifs envers moi, non, j’étais de leur espèce, peut-être un peu bizarre avec mon appareil photo et mon équipement étrange, mais quand même humaine, comme eux. Et j’ai ressenti, pour la première fois de ma vie, une telle honte à faire partie de l’espèce humaine; C’était une visite en enfer. Je voulais m’évaporer, je voulais mourir.
Maintenant l’autre facette. Ceux qui sont venus parce qu’ils ont eu connaissance de notre action “Les photographes contre les abus envers les chevaux” — pour rendre compte de cette misère, pour faire des photos, pour montrer au monde ce que cela signifie vraiment d’être un cheval dans une foire de chevaux. Trois filles de Wrocław ayant voyagé pendant 24 heures sans dormir pour être là avec leurs appareils photos. N’ayant aucune peur de traverser la foule pour faire des photos. D’autres jeunes gens venus de Varsovie, bardés d’équipements de prise de vue électroniques, restés sans voix devant ce qu’ils avaient sous les yeux. Et une journaliste d’un magazine équestre, qui était là uniquement pour acheter un harnais pour son cheval. Mais qui a finalement décidé de se joindre à nous, elle est venue, faisant des photos et a écrit un superbe article intitulé “Ils ressentent tant de douleur.” Et ces autres photographes professionnels aucunement effrayés de venir là, parmi ces bêtes aux bâtons, et risquant leur appareils photos (ou leur têtes s’ils étaient attaqués)uniquement pour prendre des clichés pour notre exposition. Des membres d’une association de protection des animaux, venus pour prendre des photos mais qui n’ont pas pu nous aider et ont finalement acheté une jument — Ils n’avaient les moyens de n’en sauver qu’une et ils avaient de quoi choisir.
Aujourd’hui je regarde les clichés que nous avons pris et je me demande ce que j’ai vu. La face diabolique des hommes — le plaisir de voir l’agonie chez les faibles et les nobles créatures, le plaisir du pouvoir sur un animal qui représente la liberté, le plaisir d’infliger de la douleur et de causer la mort. La bête au fier regard de conquérant sommeillant en l’homme. Mais d’un autre côté je revois encore ces trois jeunes filles qui ont pris le train et ont risqué gros en s’avançant dans la foule ivre. Elles n’ont jamais hésité. Elles l’ont fait “pour les chevaux” comme elles disaient.
Quand nous avons finalement quitté cet enfer, nous étions assis dans la voiture, en silence, et en essayant de retenir nos larmes. Il y avait un 4x4 Range Rover luxueux en face de nous et d’élégants propriétaires charriant du matériel d’équitation acheté à la foire. L’homme tenait un appareil photo. Mon ami lui demanda “Que pensez-vous de notre action pour stopper cette violence?" “Quelle action?“ — demanda-t’il en haussant les épaules. Il avait un appareil photo pour prendre des clichés de pieds de chevaux, c’est tout.

Y a-t-il un espoir pour les chevaux? Je prie pour cela tous les jours.
Et pour l’espèce humaine? Je ne sais pas...


Saturday, May 21, 2011

“Un cadavre dans le placard”

par Berenika Bratny
pour Academia Liberti

Je me rappelle une petite fille dans le village dans lequel j’habitais avec mes chevaux il y a des années. Elle aimait mon troupeau et passait la majeure partie de son temps dans le parc. Elle marchait, trottait et galopait avec les chevaux, elle mangeait même de l’herbe. Sa mère était terrifiée, particulièrement lorsqu’elle voyait sa fille sous Dukat, mon grand hongre, en train de lui gratter le ventre. Elle essayait de le protéger des mouches comme elle tentait d’expliquer.
Elle savait tout d’eux. Lorsque je venais prendre Dukat pour une ballade elle me mettait en toujours en garde: “Il est d’assez mauvaise humeur, vous feriez mieux de le laisser tranquille”. Je ne la comprenait pas à cette époque. Elle aimait mes chevaux et me détestait de tout son cœur. Parfois lorsque je montais, elle me suivait sur son vélo rouge, ne décrochant jamais un mot, ne répondant jamais à mes questions, me regardant seulement en fronçant les sourcils. Comme si elle essayait de protéger Dukat contre moi. Cela me lassait et j’essayais de gagner sa sympathie, je lui ai demandé si elle voulait monter à cheval. “Pourquoi devrais-je faire cela?” — me demanda-t’elle horrifiée. Je ne comprenais pas alors. Les années ont passé, j’ai déménagé avec mes chevaux, Dukat s’en est allé, je ne monte plus à cheval. Parfois, lorsque je me rappelle cette petite fille je suis si stupéfaite — elle savait tout ce que je sais maintenant. J’ai dû étudier si dur, lire des tonnes de livres, vivre avec mes chevaux durant des années pour me poser la même question que celle que me posait cette enfant: “Pourquoi devrais-je faire cela?”. Elle aimait les chevaux, elle les observait et elle était capable de comprendre les messages qu’ils lui transmettait parce que son coeur était grand ouvert et qu’elle ne connaissait rien du système dans lequel j’étais née, dans ma famille où tous étaient cavaliers.
Il y a une expression polonaise que l’on pourrait traduire par “Un cadavre dans le placard” signifiant que les vieux souvenirs que l’on pensait enfouis, ressurgissent au plus mauvais moment, nous déstabilisant totalement. En fait ma vie avec les chevaux est pleine de ces “cadavres”: mon anxiété habituelle lorsqu’Alaska ne me laisse pas lui passer un licol, ma nervosité quand Amigo saute en l’air joyeusement parce qu’il m’a vue, le fait de ne pas savoir quoi faire lorsque le maréchal tire la queue de Furia pour la faire bouger, mes problèmes pour expliquer pourquoi je dis “non” quand quelqu’un veut m’offrir son “aide” pour faire quelque chose avec ces “animaux n’obéissant pas aux règles”. Ma mère, une vieille femme de chevaux de l’ancienne école, qui a tout juste déménagé pour revenir vivre avec moi et mes chevaux saute au pied du lit au beau milieu de l’hiver, tout juste vêtue d’un pyjama, pour m’aider à “attraper” mes deux hongres qui marchent tranquillement dans le jardin alors que je les y laisse volontairement pour qu’ils sentent et s’habituent à ce qu’il y a de nouveau. Elle les a vu par la fenêtre, et bien qu’ils marchaient lentement dans les chemins couverts de neige, elle a ressenti l’urgence de les attraper “Un cheval en liberté signifie Danger”, Danger à tel point qu’elle a sauté hors de son lit et s’est précipitée dans les escaliers. Elle m’a vu — calme, versant de l’eau dans l’abreuvoir et a été surprise que je ne “réagisse”pas . Bon, nous avons beaucoup ri de cela ensuite, mais c’était sa première réaction.

Nous devons désapprendre tant de choses, pratiquement toutes les bêtises que l’on nous a enseigné dans les écuries des centres équestres. Et c’est la même chose pour les chevaux. Ils ont aussi leur mémoires, parfois plus marquées par ce qu’ils ont subi par le système que des années libertés. Je crie après mon chien qui aboie vers les chevaux et soudain je réalise que Reja si fière et dominante se transforme en un morceau de fourrure tremblant avec des yeux grands ouverts comme si elle ne me reconnaissait pas. A ce moment je suis devenue semblable à la légion d’humains qui l’a torturée auparavant. Et Alaska, toujours si gentille, attentive et à la recherche de contact avec les humains. Lorsque vient le vétérinaire pour l’examiner et que j’approche avec un licol ou même un cordéo, qui tourne la tête hors de portée aussi loin que possible, mais qui ne bouge pas. Elle est libre, elle pourrait s’enfuir à n’importe quel moment, mais non. A la vue du licol elle se retrouve enfermée dans son esprit, de retour dans cette petite stalle puante avec un oppresseur l’approchant. Elle secoue la tête, la tourne au loin, ferme les yeux et attend. Je dois attendre également, jusqu’à ce qu’elle comprenne que ce n’était qu’un mauvais rêve— “un cadavre dans le placard”. Elle se détend, mâchouille, regarde et nous pouvons à nouveau aller de l’avant. Nous en avons tous. J’envie ceux qui peuvent être aussi frais que cette petite fille qui voyait mes chevaux comme les victimes de mon plaisir et de mon ego il y a tant d’années.
Il y a une femme, Kasia, qui vient me rendre visite pour m’aider de temps en temps. Elle est très calme et n’a jamais eu de contact avec les chevaux auparavant. Mais elle aime tous les animaux. Lorsque j’ai essayé de lui expliquer certaines choses sur la nature complexe des chevaux elle souriait d’une étrange manière. Au début j’étais déçue qu’elle ne veuille pas apprendre. Je pensais: “Ca doit même être dangereux d’être au milieu de chevaux sans savoir comment réagir,”. Mais j’avais tort. Son sourire me rappela alors cette petite fille et je la laissais tranquille. Elle a réussi à les connaitre, un par un, à sa façon, à son propre rythme. Et ils ont aussi apprécié. Lorsqu’ils font quelque chose pour attirer son attention — Renverser une brouette pleine de fumier, saisir sa veste et la remuer dans une flaque d'eau, elle les trouvent extrêmement amusants. Son rire est leur récompense - le truc fonctionne, ils galopent furieusement autour d’elle en levant la croupe et en bottant dans le vide. Elle aime ces démonstrations et n’est jamais frustrée par rien. Elle n’a a apparemment aucun cadavre dans aucun placard.
Et il y a Amigo. Il n’a jamais connu la selle, il n’a jamais été battu ou trompé. Il sait très bien quel est le goût d’un morceau de sucre — C’est tout ce qu’il connaît des humains. Pas grand chose. Lorsqu’il est arrivé chez moi, donné par des propriétaires effrayés par son trop plein d’énergie, il était curieux de tout, tel un enfant. Les années ont passé et il n’a pas du tout changé. Toujours heureux, désireux de jouer, de voler les sacs des visiteurs et de s’enfuir avec, de voler tout ce qui paraît avoir une utilité pour les humains pour leur tourner autour avec son trophée dans le but de les faire crier ou de les voir tenter de lui reprendre. Oh quel plaisir il prend lorsqu’ils le poursuivent en faisant ces drôles de bruits. Parfois il s’arrête, laisse tomber l’objet par terre et veut le mettre en morceaux avec ses sabots. Voulant retrouver le plaisir de voir mon visage virer au rouge(comme la fois où il s’agissait d’un nouveau pull qui se trouvait dans le sac qu’il avait volé). Si fier de lui. Et si étonné lorsque quelqu’un n’est pas content de ses prouesses. Il fait volte face et je peux voir à quel point il est déçu que je n’applaudisse pas.
Alors lorsque je les vois marcher calmement ensemble, Kasia et Amigo, côte à côte, j’envie chacun d’eux. Ils ne savent rien des choses horribles que nous connaissons, le reste du troupeau et moi-même. Elle ne se pose pas de questions sur son envie de la suivre, elle sait qu’il vient toujours avec elle parce qu’à chaque fois qu’elle lui offre quelque chose c’est bon et appétissant. Chaque fois qu’il m’offre sa compagnie je suis si flattée et ma joie est si fragile à cause de mes doutes et mes craintes. J’aime les regarder, une femme fatiguée avec un étalon puissant, et je me demande si je parviendrai un jour à retrouver cette innocence enfantine, est-ce que je parviendrai à oublier le mal que j’ai fait?
Parfois je repense à cette petite fille. Qu’est-elle devenue? Je suppose qu’elle aurait environ quatorze ans aujourd’hui. J’espère que sa folle admiration pour les chevaux ne l’a pas conduite dans un de ces centres équestres, ou elle aurait appris que tout ce qu’elle savait au plus profond de son cœur était faux. J'espère qu’elle a toujours son côté si affirmatif et le courage de demander: ”Pourquoi dois-je faire cela?” Je croise les doigts pour elle.

Friday, May 20, 2011

Atelier pour un changement de vie

par Berenika Bratny
pour Academia Liberti


Une amie a récemment participé à un atelier pour un changement de vie. Elle n’en attendait pas un éclairage particulier, mais espérait seulement une compréhension sur la tension quotidienne. Le premier exercice qu’ils ont eu à faire était de se poser la question suivante — “qui êtes vous?”Les participants parlèrent de leur rôle social comme celui d’être mère ou fille, docteur ou enseignant, de leurs gouts et de leurs aversions, de leur passé, de leur environnement et de leur enfance, ils parlèrent encore et encore jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent qu’ils n’avaient plus rien d’autre à dire — qui êtes vous? C’était là que résidait tout le processus. Ils devaient faire face à un mur blanc et finalement à une disparition de leur ego. C’était assez difficile se rappelait t-elle. La partie la plus dure était d’occulter sa propre notion de ce qu’elle était et de tout ce à quoi elle s’identifiait.
J’ai envié cette expérience alors je me suis posée la même question. Qui suis-je? Qu’est-ce qui m’est le plus cher au point que je ne puisse pas m’en séparer? Mon image de chuchoteur à l’oreille des chevaux? La vision que j’ai de mon cheval, si parfait? L’image de ma si parfaite relation avec ce cheval parfait?
Alors j’ai regardé mes chevaux. Chacun d’eux. Est-ce que je les connais? Qui sont-ils vraiment? Je connais leur statut au sein du troupeau, Je connais leurs goûts et leurs aversions, Leurs jeux favoris et l’endroit ou ils aiment se gratter, leurs humeurs, leurs amis et leur façon de vivre, mais est-ce cela ?
Lorsque quelqu’un vient leur rendre visite, je l’emmène loin du troupeau et parle d’eux sans m’arrêter: "Voilà Reja." Elle a eu une vie difficile pleine d’expériences affreuses avec des propriétaires et des entraîneurs qui ont tenté de la briser mentalement mais sans s’être jamais laisser faire. Ce sera une combattante toute sa vie, préférant mourir plutôt que se rendre. C’est une jument dominante, une jument alpha. Elle n’autorise jamais aucun autre cheval à brouter dans son tas de foin. Elle n’a pas d’amis, seul un hongre qui ne la quitte jamais et avec lequel elle ne communique qu’en montrant les dents et en donnant des ruades. C’est son souffre douleur et son serviteur et elle est la maîtresse et la reine. Son règlement est tyrannique. Elle n’accepte aucun refus de quiconque. Tous les chevaux savent qu’elle peut attaquer telle un requin, sans aucun avertissement, donc tous gardent un œil sur elle. Particulièrement lorsqu’elle est en chaleurs. Et c’est une “féministe” comme l’a un jour appelée mon voisin. Elle déteste Amigo — l’étalon, de tout son coeur. Chaque fois qu’il approche de la clôture, elle l’attaque en montrant les dents et vous pouvez dire que ça lui fait de l’effet, il s’éloigne à chaque fois de la clôture. Une fois, en hiver, j’ai dû la faire passer à côté du paddock dans lequel il se trouvait. Soudain j’ai complètement perdu le contrôle de la situation, elle m’a poussé vers la clôture dans le but de le tuer. Il est resté figé choqué émotionnellement j’imagine puisqu’il n’a pas osé bouger, alors j’ai dû composer pour la persuader de le laisser tranquille. Depuis, lorsqu’il se produit un situation similaire où j’aie à l’amener proche de la clôture, je dois lui mettre un licol. C’est une situation dangereuse. Pas pour elle, pour lui.
Voilà comment je la vois. C’est aussi telle que tout le monde la voit après avoir raconté cette histoire effrayante. Alors elle arrive. Les yeux mi clos, de bonne humeur, elle présente son arrière main pour se faire gratter et mon visiteur sursaute de terreur. Qu'est-ce qui ne va pas ? Reja est surprise. Il est surpris lorsque je commence à gratter sa croupe. « Est-ce que ce n’est pas dangereux ?” — demande-t'il. — "Bon c’est dangereux de ne pas la gratter lorsqu’elle le demande," — dis-je en plaisantant mais je le vois devenir nerveux. Mais aujourd’hui Reja est quelqu’un d’autre. Elle est endormie, recherche des gratouilles et beaucoup d’attention, elle veut même faire un bout de chemin avec nous mais sentant la peur du visiteur elle s’éloigne déçue. Après un moment nous la voyons panser la plus jeune jument du troupeau, celle qui a le rang le plus bas dans la hiérarchie du troupeau. Alors qui est Reja ? Est-ce que je la connais vraiment ?



Il y a une autre histoire, celle de mon premier cheval Dukat qui est mort il y a trois ans. J’étais allée dans un centre équestre pour y acheter une selle. Lorsque je suis rentrée dans les écuries, la seule chose à laquelle je pensais était de m’en aller. C’était une vieille étable construite pour des moutons, donc très sombre, bas de plafond, sans air. Et les chevaux étaient tous attachés avec des chaînes tendues autour du cou. La plupart d’entre eux étaient si abattus qu’ils n’ont même pas levé la tête pour voir qui venait. Il y avait néanmoins quelqu’un de vivant là-dedans ; Dukat attrapa ma manche et ne la lâcha pas avant que j’aie demandé au propriétaire s’il était prêt à me le vendre. Je ne savait même pas si c’était un hongre ou une jument avant de décider qu’il devait venir avec moi. Je ne savais pas non plus que c’était le plus grand cheval du monde. Je mesure 1m60, nous avions l’air vraiment amusants ces années là, lorsque je le montais. — une fourmi chevauchant un éléphant. Je l’ai eu pendant des années, vivant à un endroit, déménageant ensuite pour un autre. Son troupeau a grandi et il était le fier chef des parcs et des prés. Il était toujours un adorable animal calme, tranquille et pardonnant. Toujours. Mais pendant notre première année ensemble, lorsque j’écoutais tous les “professionnels” alentours et dévorait tous les livres sur la psychologie équine il était:
1. trop dangereux (à cause de sa taille);
2. trop fier (à cause de sa taille);
3. trop paresseux (à cause de sa taille);
4. très intelligent;
5. réfléchissait lentement;
et ainsi de suite.
C’était toujours le même Dukat mais dans mon esprit il avait tous ces qualificatifs parce que quelqu’un l’avait suggéré ou que je projetais mes peurs sur lui ou que je voulais qu’il soit comme cela. Maintenant qu’il est parti, je sais que ça n’avait aucune importance de comment je l’avais qualifié, il était tout simplement lui-même. Les chevaux sont ce qu’ils sont, sans jugement sur eux-mêmes. Ils sont le miroir de nos espoirs, de nos peurs et de nos rêves. Un miroir de nous-mêmes.
Maintenant je passe ma vie à examiner le comportement et l’humeur de mes chevaux et je ne les connais toujours pas. J'ai dû abandonner l’idée d’une relation idéale avec Reja. J’ai dû admettre qu’elle ne m’aimerait jamais après tout ce que je lui ai fait par le passé, lorsque je la montais. J’ai réalisé cela et, à ma grande surprise, ce fut une révélation. Son attitude a également changé. Peut-être ne sent elle plus ma tension et le poids de mes attentes. Peut-être a-t’elle eu elle aussi une révélation ?
Après l’expérience de cet atelier pour un changement de vie, mon amie a fait un rêve ;— un enfant faisait des châteaux de sable sur la plage. Dans ce rêve mon amie réalisa qu’elle avait trouvé la réponse à la question “qui êtes vous?” — elle était un château de sable. Alors une vague l’emmena. Elle était terrifiée à l’idée de disparaître et après un moment elle était un autre château de sable, puis un autre et encore un et soudain il n’y avait plus de différence — elle était à la fois le château de sable, le sable et l’eau qui l’emmenait. Et soudain elle sut —elle était tout, elle était la vie même.
Peut-être que nous et nos chevaux sommes la même chose, uniquement des petites particules de vie, Les vagues et la mer, les châteaux de sable construits un après-midi ensoleillé? Un jour Reja est une jument agressive qui souffle par les naseaux, le jour suivant elle est allongée dès les premiers rayons du soleil et me laisse m’asseoir à côté d’elle et à respire au même rythme qu’elle. Je me sens honorée. Elle est juste elle-même, ne correspondant à aucune description, ces descriptions que font les humains pour comprendre le monde. Les Animaux n’ont pas besoin de cela. Ils n’ont pas besoin de comprendre le monde, ils SONT le monde, ils sont l’air qu’ils respirent et l’herbe qu’ils mangent. C’est seulement nous qui somment coupés du reste du monde et qui avons besoin d’explications pour chaque chose. J’ai réalisé que ma vie avec les chevaux était mon atelier pour un changement de vie. Je change, ils changent, nos vie changent en même temps, ou est-ce seulement un rêve?