Wednesday, December 12, 2012

Le sport équestre - un diagnostic

Maksida Vogt

Avant-propos
À l'heure actuelle,  différentes disciplines équestres appartiennent au loisir - et à un secteur d'activité «sport». Ils font partie intégrante de notre monde et les personnalités qui travaillent dans ces disciplines nous sourient dans les pages de différents magazines, et ils sont même récompensés pour leurs "prouesses sportives". Ils sont un modèle pour beaucoup, et surtout pour nos enfants qui aiment imiter ceux qui sont présentés comme des exemples. 
Le grand public ignore souvent comment les chevaux de sport sont traités et comment ils ont à souffrir du soi-disant «sport». Même si ce n'est généralement pas connu, le soi-disant «cavalier» est certainement une priorité pour le bien-être animal. J'ai du mal à croire que ces soi-disant «sportifs» ne perçoivent aucun signe de la souffrance de l'animal avec lequel ils sont en contact tous les jours. Je suis plus portée à croire qu’ils sacrifient de sang froid les chevaux à leurs priorités, ou qu’ils sont eux-mêmes victimes de l’environnement impitoyable dans lequel ils évoluent.
C’est un commerce qui  rapporte des milliards de dollars, et dans une telle filière, il n'y a pas de place pour la compassion envers les animaux. Il est de mon devoir de dénoncer les abus et les acteurs qui se voient célébrés par des milliers de personnes comme des héros à la lumière de la cruauté qu’ils exercent quotidiennement envers les animaux. Et de m’interroger quant à cette pratique.
L’Equitation Western, par exemple, nous est portée à l’écran par des personnes comme Corinna Schumacher et de plus en plus par Michael Schumacher,  ces contemporains étant très populaires, c’est quelque chose de bon. Les journalistes allemands tels que Sarah Connor ou Frauke Ludowig montent comme invités dans cette ferme où les chevaux sont enfermés comme des prisonniers dans les boxes onéreux, coupés de tous leurs besoins naturels.
Est-ce que nous devrions nous orienter vers ce que nous présentent ces modèles?

Traité 1. L’Equitation Western
L’équitation Western, ainsi que la plupart des autres disciplines équestres, sont basés sur diverses formes d'utilisation du cheval du passé, lorsque l'homme a commencé à utiliser des animaux pour ses propres besoins. Depuis 2000, l’équitation Western est reconnue comme une discipline par la FEI a (une organisation qui prétend se soucier du bien-être des chevaux, tout en organisant le «sport» - des épreuves de compétition avec ces animaux).
Mais que nous voyons ici en fait? Et est-ce que l’on peut nommer «sport» ce qui cause tant de douleur et de dommages à l'organisme du cheval?



Ce que nous voyons ici est un animal en souffrance. En Démonstration publique, publiquement torturé. La bouche est grande ouverte, le cheval tente d'échapper à la douleur dans les dents, un traumatisme grave, causé à cet instant dans sa bouche. Un cheval Vaquera doit s'arrêter brusquement, sans trop glisser. Survient une pression incroyable sur les reins et les postérieurs, de même que dans les tendons et les antérieurs. Les manœuvres brutales et le haut port de tête forcé qui est imposé aux chevaux par la douleur, laissent de graves dommages dans l’encolure et dans les articulations de la mâchoire.

En outre, il y a la une mauvaise habitude de couper la queue du cheval,  celle-ci constituant sa défense naturelle contre les insectes et les intempéries. Surtout dans un climat chaud, où la queue du cheval sert de protection essentielle contre les insectes piqueurs et suceurs.


Corinna Schumacher effectuant un sliding stop lors d'une compétition

Avez-vous déjà vu un cheval dans la campagne ou dans un enclos effectuer volontairement quelque chose comme cela?
Nous sommes ici pour témoigner de l’extrême ignorance de notre société, qui rend possible le mauvais usage des chevaux par ces « cavaliers » qui endommagent ouvertement (de manière détectable) leur corps. Dans la discipline du Reining, nous voyons des spins et des sliding stops. Lors des spins, le cheval se tourne rapidement vers l'arrière, ce qui signifie une tension extrême de la région lombaire. Lorsque vous faites un sliding stop, le cheval s'arrête à partir du grand galop avec un placement extrême des postérieurs sous le corps en voûtant les reins à l’extrême, mais cela va encore plus loin avec les antérieurs, de telle sorte que l'impression de glisse se produit. Ne peut on pas voir sur cette photo, à quel point cela doit faire mal?

L'ensemble du corps du cheval est impacté, déchirure des muscles semi-membraneux et semi-tendineux,  calcification de l’articulation sacro-iliaque. Tous les exercices auxquels  ces chevaux sont brutalement contraints, se traduisent par un stress non physiologique du tendon fléchisseur profond, de la partie lombaire de la colonne vertébrale, des  articulations sacro-iliaques, des muscles des épaules, des membres antérieurs et postérieurs sans oublier les sabots, qui sont un organe métabolique  important. Les chevaux sont même ferrés avec des fers cloués antidérapants. Vous pouvez lire les conséquences du ferrage en métal dans cet article: http://academialibertifrance.blogspot.co.uk/2012/01/traite-sur-loccupation-des-marechaux.html



Maintenant, nous sommes confrontés à la question de savoir si ces personnes, réalisant ceci avec leurs chevaux sont conscients de ce qu'ils font à tous les autres? Je suppose qu'ils ne savent pas.

Si vous regardez des vidéos d'équitation western - de cette équitation brutale, avec les arrêts brusques, en tirant sur la bouche sensible du cheval, les choc semblables à  des torsions et le violent traitement général du cheval - vous avez forcément l'impression que ces gens ne pensent même pas à l'animal comme un être vivant, sans parler du fait de sentir le cheval. Au contraire, il semble qu'ils pourraient remplacer l’être vivant qu’est le cheval, à tout moment par n'importe quelle machine. On voit souvent des motards prendre mieux soin de leurs  machines.

Les chevaux de "Sport"  dans l‘équitation Western ont des usures des articulations et des déchirures énormes des ligaments. Le plus fatal est que les chevaux d’équitation Western sont débourrés (broken)  très jeunes, alors qu’ils sont «des enfants», à un age de 1,5-2 ans. "Pour débourrer" = "casser (to break)" – l’expression est très précise, le terme signifie exactement ce que ça représente.


Sarah Connor participant à une compétition équitation western, photo http://photoholics.ch

Quand vous considérez que la plaque de croissance de la tête du fémur n'est pas fermé avant 42 mois et la fusion épiphysaire sur le corps de la vertèbre lombaire se réalise jusqu'à 4,9 à  6,7 ans (Wissdorf, Gerhards, Huskamp, ​​Deegen, 2002) cela devrait alerter le lecteur sur les abus que subissent ces chevaux.

En mouvement, du pas jusqu’au saut, la transmission de la puissance des membres postérieurs du corps est essentielle. Ces forces compressives sont transmises à travers les os et leurs composés. Les articulations sacro-iliaques, et la partie transitoire entre le sacrum et la colonne lombaire joue  un rôle particulier au sein des forces de transmission excentrique générés sur les membres postérieurs, l’axe médian du squelette (Hantak et Horvath, 1982;. Rumens et al 2007). Une transmission de puissance efficace exige un degré élevé de stabilité, mais tout en se déplaçant dans l'articulation sacro-iliaque. L'articulation sacro-iliaque doit donc remplir deux fonctions: d'une part, la fixation du sacrum entre les ailes iliaques, d'autre part, la transmission de la puissance des postérieurs à  la colonne vertébrale (rumen et al 2007.).


En conséquence du traumatisme (des sliding stops et des spins, entre autres), il peut résulter des dommages au niveau des ligaments et une désolidarisation des  articulations. En raison d'une instabilité chronique, il se produit souvent de l'ossification  dans la région de l'articulation sacro-iliaque (Budras, Roeck, 2004).

Quand un cheval porte son poids sur les postérieurs, les articulations sacro-iliaques ont une force qui sépare les surfaces articulaires. Les puissants  ligaments sacro-iliaques agissent à l’encontre l'extension et des muscles de la partie caudale de la colonne vertébrale qui les soutiennent (Mm. glutei, erector spinae and psoas) (Mm. fessiers, érecteur du rachis et du psoas) (Denoix 1992). Nous parlons de charge NORMALE sur le système musculo-squelettique.

Même avec un stress naturel, diverses maladies peuvent apparaître. Ici, cependant, comme on le voit clairement sur les photos, le cheval est contraint dans une position très artificielle  et ce à une fréquence énorme.

Pour ces chevaux, les conséquences sont fatales. Ils développent des rigidités et une faible croissance des postérieurs, un  blocage des articulations, des entorses, des boiteries du postérieur d’origine  musculaire, de l’arthrite aiguë et chronique, des inflammations, des élongations, des fractures.

L’arthrose de l'articulation sacro-iliaque est le processus pathologique  le plus courant chez les chevaux qui montre la douleur ou le dysfonctionnement de l'articulation sacro-iliaque (Jeffcott 1980). L’inflammation  du ligament sacro-iliaque dorsale était considérée comme la lésion  la plus commune des tissus mous de la colonne vertébrale chez les chevaux (Gilllis 1999).

Les Congestions aiguës ou chroniques, les tensions récurrentes que l'on peut trouver dans toutes les disciplines de l'équitation western, conduisent à la déchirure des fibres ligamentaires, responsable de l'inflammation des ligaments. Il est possible que ce déchirement soit léger, modéré ou complet. Normalement, le ligament sacro-iliaque dorsal s’oppose à la désolidarisation  entre l’articulation sacro-iliaque  et les processus épineux du sacrum, cependant, le ligament est soumis à une énorme charge lors d’un saut ou lors d’une pression sur le sacrum (par exemple en raison d'une chute ou d'un sliding stop , qui est proche de la chute) qui peut conduire à une déchirure dorsale du ligament sacro-iliaque.


En règle générale, le sport équestre nous montre le reflet de personnes impliquées, ce qui est finalement laid et indigne d'imitation. Au contraire, c'est un signe d'un vide intérieur profond et d'insatisfaction, qu’une personne soit tellement insensible à la souffrance des animaux. Certes, il ya aussi beaucoup de gens dans ces «sports» qui placent leur ego en avant et se défoulent. Ils dominent le gros animal et ils peuvent "le faire obéir" de la manière qu'ils veulent. Pour vivre l'action, pour montrer ce que l'on est «capable de faire».

Je note avec une grande préoccupation la participation de nombreuses personnalités de premier plan dans cet environnement hostile au cheval et nous espérons par la présente,  favoriser une discussion à ce sujet, ainsi que faire la lumière à ce sujet sur le bien-être du cheval.

Thursday, November 8, 2012

La myopathie atypique en Europe


Cet article concerne l'avancée des recherches et les mesures de prévention à prendre en automne et au printemps pour prévenir les cas de myopathie atypique. Nous vous invitons à diffuser le plus largement les différents liens ci-dessous à vos amis propriétaires, afin qu'ils connaissent les différents signes à observer ainsi que les conduites à tenir dans l'hypothèse où un cas se présenterait et qu'ils n'hésitent pas à renseigner les différents formulaires (avec leur vétérinaire) pour faire avancer la recherche.

Bien que nous ne soyons, pour l'heure, pas d'accord avec certaines des solutions de prévention proposées (voir ici: Myopathie atypique ou une conséquence de nutrition insuffisante des chevaux affectés ? ) nous sommes en revanche favorables au recueil d'un maximum de cas pour qu'une recherche efficace puisse se poursuivre.

 Depuis l’apparition des premiers cas belges à l’automne 2000 [1], la Faculté de Médecine vétérinaire de Liège (FMV-ULg) travaille sur la problématique de la myopathie atypique.  La caractérisation clinique, anatomopathologique et épidémiologique de la maladie a été les premiers axes de travail [1-3].  En 2004, la FMV-ULg a initié un réseau de surveillance de la myopathie atypique appelé AMAG (pour « Atypical Myopathy Alert Group », en anglais ;  www.myopathieatypique.fr/en/) et géré par le Dr D. Votion.  Ce réseau a pour objectif de mettre en relation les scientifiques travaillant sur cette maladie d’origine environnementale qui tue 75% des chevaux endéans les 72 heures ainsi que d’informer le secteur équin de l’émergence des cas afin que les propriétaires de chevaux prennent les mesures de prévention adaptées lors des séries cliniques qui se déclarent à l’automne et au printemps.  Plus d’une quinzaine de pays européens collaborent aujourd’hui à ce réseau.  Récemment, un groupe de recherche des Etats-Unis s’est associé au réseau et a bénéficié des sérums collectés sur les nombreux cas européens (plus de 1000 cas ont été recensés depuis l’automne 2006 par le réseau AMAG).  En Belgique, les principaux partenaires sont la clinique équine de la Faculté de Médecine vétérinaire de Liège (FMV-ULg), le Centre de l’Oxygène, Recherche et Développement (ULg), le Centre Européen du Cheval de Mont-le-Soie (ULg), le Département de Morphologie et Pathologie (FMV-ULg), le laboratoire de biochimie génétique (ULg), le laboratoire de Chimie pharmaceutique (ULg) et la Faculté de Médecine vétérinaire de Gand.  Sans nul doute, les praticiens vétérinaires sont la clé de voûte de ce réseau et c’est grâce à eux que de grandes avancées ont été possibles dans la prévention, la gestion et le traitement des cas [4-8].

A partir des données épidémiologiques collectées en Europe [5-6] et grâce à l’élucidation du mécanisme physiopathologique [9], à partir notamment d’échantillons collectés grâce au réseau, l’hypothèse d’une toxine d’origine environnementale altérant le métabolisme énergétique a pu être émise.  Récemment, des scientifiques américains [10] (voir: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.2042-3306.2012.00684.x/pdf) ont montré que la myopathie saisonnière qui affecte les chevaux au pâturage aux États-Unis (et qui présente de nombreuses similitude avec la myopathie atypique du cheval au pré rencontrée en Europe) est causée par une toxine (l’hypoglycine A) présente dans les graines de l’érable  négundo (Acer negundo). Une fois ingérée, l’hypoglycine A est métabolisée en un composé toxique (i.e., le MCPA) qui perturbe le métabolisme énergétique conduisant aux désordres biochimiques observés à la fois dans la myopathie saisonnière qui affecte les chevaux aux États-Unis  et dans la myopathie atypique.
L’hypoglycine A peut être contenue dans les graines de plusieurs arbres du genre Acer(i.e. « les érables ») et pourrait donc être aussi la cause de la myopathie atypique en Europe. Dans le passé, les recensements botaniques effectués sur les prairies des cas belges ont signalé systématiquement la présence d'Acer pseudoplatanus (Acer; Aceraceae) dans le voisinage des chevaux [11].  D’autre part, la contribution des arbres (en général) dans la pathogenèse de la maladie a été suggérée dans la dernière étude épidémiologique où ceux-ci étaient présents dans 98% des pâturages des 354 cas européens [5].
Concernant la cause de la myopathie atypique en Europe, des sérums de cas européens sont actuellement analysés en collaboration avec l'Université du Minnesota afin de mettre en évidence le métabolite toxique. Nous devrions savoir rapidement si la myopathie atypique est induite par la même toxine que celle identifiée aux États-Unis. D’ici là, il est recommandé de se référer aux outils diagnostiques, pronostiques et aux mesures préventives décrites dans les récentes études de cas européens [5-6].
Nous tenons à insister sur l'importance de continuer à recenser les cas de myopathie atypique via le réseau AMAG (www.myopathieatypique.fr/en/). Ce système de surveillance, à l’échelle européenne, permet aux équipes scientifiques qui travaillent ensemble sur cette maladie de savoir  et quand se produisent les cas de sorte que les données de ces cas et les échantillons nécessaires à la recherche peuvent être collectés.
Jusqu'à présent (à la date du 25 Octobre), nous ne sommes pas face à une épidémie (quelques cas anecdotiques ont été rapportés), mais comme vous le savez cela peut changer dans les prochains jours ou semaines.
La recherche se poursuit car de nombreuses questions restent posées :
- Pourquoi la maladie est-elle émergente alors qu'elle serait due à une plante indigène?
- Les érables seraient-ils les seuls arbres à causer la maladie?
- Comment prévenir et traiter efficacement la maladie?
- ... Et bien d'autres.
Nous vous remercions d’avance pour votre aide dans les recherches en cours.
References:
1. Delguste et al., 2002. Myopathies atypiques chez les chevaux au pré: une série de cas en Belgique. Annales de Médecine Vétérinaire 2002; 146:231-243.
2. Cassart et al., 2007. Morphological alterations in oxidative muscles and mitochondrial structure associated with Equine Atypical Myopathy.  Equine Veterinary Journal; http://hdl.handle.net/2268/2377
3. Votion et al., 2003. Diagnostic différentiel en cas de présomption de myopathie atypique des équidés : illustration au travers de cas référés à la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Liège au cours du printemps 2003. Annales de Médecine Vétérinaire. http://hdl.handle.net/2268/62318
4. Votion et al., 2009.  Atypical myopathy in grazing horses: A first exploratory data analysis.  The Veterinary Journal. http://hdl.handle.net/2268/10009
5. van Galen et al., 2012a. European outbreaks of atypical myopathy in grazing equids (2006-2009) Part I: Spatiotemporal distribution, history and clinical features. Equine Veterinary Journal; DOI: 10.1111/j.2042-3306.2012.00556.x.http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/115748
6. van Galen et al., 2012b. European outbreaks of atypical myopathy in grazing equids (2006-2009) Part II: Determination of indicators for risk and prognostic factors.http://hdl.handle.net/2268/114433
7. van Galen & Votion, 2012a. Management of cases suffering from atypical myopathy:Interpretations of descriptive, epidemiological and pathophysiological findings. Part 1: First aid, cardiovascular, nutritional and digestive care.http://hdl.handle.net/2268/128066
8. Van Galen & Votion 2012b.  Management of cases suffering from atypical myopathy:Interpretations of descriptive, epidemiological and pathophysiological findings. Part 2: Muscular, urinary, respiratory and hepatic care, and inflammatory/infectious status. http://hdl.handle.net/2268/128067
9. Westermann et al., 2008. Acquired multiple Acyl-CoA dehydrogenase deficiency in 10 horses with atypical myopathy. Neuromuscular Disorders.http://hdl.handle.net/2268/4440
10. Valberg et al., 2012. Seasonal Pasture Myopathy/atypical myopathy in North America associated with ingestion of Hypoglycin A within seeds of the box elder tree. Equine Veterinary Journal;
11. Votion et al., 2007. History and clinical features of atypical myopathy in horses in Belgium (2000-2005). Journal of veterinary internal Medicine.http://hdl.handle.net/2268/7594
Toutes les publications scientifiques relatives à la myopathie atypique des chercheurs de l'Université de Liège sont disponibles en ligne via le site institutionnel (http://orbi.ulg.ac.be/) ou directement via le lien http://orbi.ulg.ac.be/simple-search?query=atypical+myopathy.
Contact:
Dominique Votion, PhD, DM"Groupe d'Alerte de la Myopathie Atypique; GAMA"
NOUVEAU N° POUR LES URGENCES MYOPATHIES ATYPIQUES: 0497/ 707 887
Enregistrez-vous pour recevoir les messages d’alerte sur : www.myopathieatypique.com
Clinique équine de la Faculté de Médecine vétérinaire, Université de Liège
Bd de Colonster, 20  Bât B41
4000  Liège (Sart Tilman)
Tél: 00 32(0)4/366.41.03 (Liège)

Sunday, November 4, 2012

Quel "style de coupe" votre cheval préfère t'il?

Par Natalija Aleksandrova


Avez-vous pensé au fait que la queue du cheval, sa crinière et son toupet ne sont pas là uniquement pour le plaisir des yeux? Que lorsque nous coupons, raccourcissant ou supprimant complètement la crinière et le toupet de nos chevaux, pour des questions d'esthétique, nous supprimons certaines de leurs défenses naturelles?

La crinière est un facteur important du mécanisme de thermorégulation du cheval dans les périodes froides  de l'année. Les chevaux ont une pousse de crinière épaisse avant l'hiver, et elle désépaissit avant l'été, tout comme ils perdent leur poil avant l'été. Nous pouvons observer des crinières naturellement plus épaisses et des toupets plus longs chez les chevaux de races autochtones du nord. Nous pouvons aussi observer des crinières plus épaisses  chez les poneys en raison du particularisme du mécanisme de thermorégulation
http://academialibertifrance.blogspot.fr/2012/02/thermoregulation-chez-les-chevaux-par_26.html ils ont besoin d'une couche plus épaisse de crins afin de maintenir la température interne du corps dans une plage appropriée. Chez les chevaux en croissance, ou ayant des muscles atrophiés de l'encolure, indiquant des problèmes de circulation sanguine à cet endroit, ou avec des muscles de l'encolure chroniquement tendus, la crinière est particulièrement importante dans le maintien  au chaud de l'encolure l'hiver.

En été, les  longues queues et crinières deviennent des instruments importants dans la défense contre les insectes. Le toupet est extrêmement important l'été, car il protège également les yeux de l'animal contre l'infection et la présence douloureuse des mouches, les particules de poussière, l'humidité et les spores. Plus la queue est longue, plus elle est efficace dans la protection contre les insectes - les zones du corps qu'elle peut atteindre étant plus grande, particulièrement important, elle peut atteindre le ventre et le fourreau, qui sont un lieu particulièrement prisé par les insectes.

Le vent, les pluies d'été et les jours d'hiver neigeux, quand les chevaux prennent la position typique de protection debout, dos au vent et les têtes basses, leurs crinières et leurs fanons protègent efficacement leurs encolures, leurs têtes, leurs oreilles, les boulets et les yeux de l'eau, de la neige et du vent. La longue crinière et les fanons s'écrasant sous la neige fondue et l'eau constituent une protection pour la peau et les yeux. Différentes longueurs de crins, plus longues au centre de l'encolure ont également leur rôle, faire une meilleure couche protectrice contre l'eau qui ruisselle. Tandis que la queue sert à protéger extrémité arrière- les poils plus courts à l'extrémité de la croupe servent à rejeter l'eau la neige et le vent afin de garder le ventre et le fourreau au chaud et au sec.

Il n'est pas naturel pour le cheval d'avoir la crinière qui ne tombe que d'un seul côté de l'encolure. Chez les chevaux sauvages et chez les chevaux domestiques en bonne santé, on peut habituellement voir la crinière tomber complètement ou en partie sur les deux côtés, ou changer à tout instant de côté. Ce n'est pas seulement bénéfique pour des raisons de protection, cela montre aussi que les muscles de l'encolure sont développées régulièrement.Chez de nombreux chevaux domestiques, la crinière repose parfaitement sur un côté de l'encolure. Ce n'est pas seulement le résultat de l'esthétique imposée par l'homme, mais c'est aussi un signe d' un développement musculaire asymétrique dû à l'utilisation asymétrique de ces animaux, lorsque leur asymétrie naturelle se transforme et s'amplifie contre nature.

Les étalons ont généralement une crinière naturellement plus épaisse. Lorsqu'ils se battent ils se mordent mutuellement et la crinière agit comme une sorte d'armure.

Les chevaux sauvages et domestiques ont développé des manières propre à leur espèce pour prendre eux-mêmes un soin parfait de leurs crinières, de leurs toupets, de leurs queues et de leurs fanons. Ils peuvent se frotter contre les arbres ou les clôtures, ou se panser mutuellement les crinières quand ils sentent qu'il est temps de "retoucher" leurs "coupe de cheveux". Les chevaux savent sûrement mieux que nous quelle est la coupe qui leur convient le mieux.
















Photos: Berenika Bratny, Zbigniew Wroblewski

Saturday, June 30, 2012

Pâturer – Essentiel pour les chevaux.

Natalija Aleksandrova

S’il est donné l’occasion aux chevaux d’avoir la possibilité de brouter de l’herbe en accès libre tout au long de l’année, et d’accéder à tous ses autres besoins essentiels, sans restriction de mouvements, que ce soit le jour ou la nuit, leur corps est en mesure d’utiliser l’herbe de la manière la plus bénéfique lors de chaque saison. Les herbes de printemps donnent de la vigueur aux chevaux pour la période d’accouplement, les aident à regagner du poids à la sortie de l’hiver, de même qu’elles fournissent l’énergie supplémentaire aux poulains qui en ont besoin pour leur croissance et leur développement. Des réserves de graisses sont stockées au cours des pâturages d’été et d’automne dans le corps de chevaux, qui sont alors utilisées au cours de l’hiver.

Lorsque le cheval a la possibilité d’exprimer ses habitudes naturelles de pâturage tout au long de l’année, il n’est jamais brusquement exposé à un nouveau type de nourriture, qui pourrait affecter son métabolisme de manière négative. Les prairies de printemps possèdent à la fois de nouvelles pousses fraîches et des herbes sèches de l’année précédente, ainsi l’animal passé de manière graduelle à une herbe plus riche en nutriments. Comme la nouvelle herbe cesse de pousser en automne, le cheval commence peu à peu à manger des plantes aux fibres sèches, qui lui sont bénéfiques au cours de saisons plus froides.

Le processus de fermentation de fibres naturelles insoluble dans le gros intestin crée de la chaleur dans le corps du cheva. Les herbes sèches arrivent à maturation et les branches de haies et d’arbres ont une contenance plus élevée en fibres insolubles que les plantes fraîches vertes. Il est plus naturel pour le cheval de brouter de l’herbe verte en été, lorsqu’il fait chaud, parce qu’ainsi, moins de chaleur est crée lors de la fermentation des fibres solubles contenues dans l’herbe, et que l’animal n’a pas besoin d’évacuer l’excès de chaleur interne de son corps. Il est bénéfique pour le cheval de brouter des plantes sèches, riches en fibres insolubles par temps froid. Les fibres sont digérées lentement et la chaleur interne est maintenue plus longtemps, aidant le cheval à conserver sa température interne au cours de l’hiver.

En général, il est très incorrect de dire que 'l’herbe est mauvaise pour le cheval', parce que celle-ci a représenté sa nourriture naturelle depuis qu’il a évolué pour devenir un herbivore nomade coureur de plaines. Nous devons apprendre et considérer tous les effets causés par l’homme en manipulant le mode de vie des chevaux et leurs pâtures afin d’éviter les situations où l’herbe deviendrait un 'danger'. Telles que limiter l’accès des chevaux à la nourriture, modifier la chimie de leur estomac qui rend celui-ci incapable d’absorber tous les nutriments contenus dans les herbes, fournir au cheval des pâtures d’une seule espèce d’herbe traitée de fertilisants correspondant spécialement à l’élevage du bétail qui possèdent un métabolisme totalement différent, ou les restreindre en liberté de mouvement ces qui endommage leur métabolisme, etc.

Chevaux domestiques vivant naturellement. Broutant sur une pâture sans engrais. Début du printemps. Lettonie:


Les mêmes chevaux plus tard au printemps, quelques jours avant la vue suivante:




Chevaux domestiques vivant naturellement. Broutant une pâture de printemps sans engrais. Pologne:



Chevaux sauvages de Przewaski en Ukraine. Pâturage d’été:




Chevaux sauvages Konik Polski en Lettonie. Pâturage d’été:




Konik Polski broutant l’herbe d’un marécage. Pologne:



Chevaux domestiques vivant naturellement. Broutant sur une pâture d’été sans engrais. Lettonie:







Chevaux domestiques vivant naturellement. Broutant sur une pâture d’été sans engrais. Norvège:


Chevaux sauvages Konik Polski pâturant en automne. Pologne:



Wednesday, June 27, 2012

Je n’avais jamais pensé voir, de mes yeux, des chevaux sauvages un jour.

Berenika Bratny pour Academia Liberti

Je n’avais jamais pensé voir des chevaux sauvages un jour. J’ai lu sur les Mustangs, les chevaux de Przewalski en Ukraine, et me demandais comment ce serait de les voir en communion avec la nature. Je les avais toujours imaginés comme des animaux sauvages — chevreuils, cerfs — broutant à distance. Dans mes rêves d’enfance j’étais un indien d’Amérique rampant dans les taillis pour saisir un de ces moments d’eux en vrai. Je me demandais à quel point leur comportement pourrait être différents des chevaux domestiques que je connaissais si bien. J’imaginais que, les voir dans leur milieu me permettrait d’avoir un aperçu de qui ils étaient vraiment, lorsqu’ils ne sont pas dérangés par la présence de l’homme.

Récemment, avec des amis, j’ai eu l’occasion d’aller voir un troupeau de konik polski sauvages dans la grande réserve naturelle du Parc national de la rivière Biebrza. Il s’agit d’un grand troupeau qui vit librement sur plus de 200 hectares de terrains variés — marécages, prairies, forêts, pâtures. Ils ne sont pas seuls là-bas — vous pouvez voir des empreintes d’élans, de chevreuils et même de loups dans la région.

Nous sommes arrivés à la Maison forestière de Dusk où deux guides nous attendaient — Irek et Ania. Ils s’occupent des chevaux, ils connaissent leurs déplacements et Ania va les voir tous les deux jours pour observer comment ils vivent.

Nous somme partis pour une excursion fascinante. Le trajet était stressant et long, nous avons erré dans les marécages au milieu d’herbes et de fleurs incroyablement grandes, à travers une forêt de chênes et à travers les prairies. Nous nous sommes arrêtés à certains endroits où les chevaux sont habituellement, mais ne les avons pas trouvés. Le soleil montait, il faisait de plus en plus chaud. Sur le chemin, Ania, qui travaille ici depuis 7 ans, nous a raconté des histoires sur le troupeau. Elle se remémorait un jour où elle trouva deux étalons de deux hardes différentes qui manquaient — il n’y avait là que les juments et les poulains sur la prairie — ce qui était intéressant et inhabituel — deux hardes mélangées. Elle fit une recherche des étalons et les trouva un kilomètre plus loin, sur une autre prairie en train de brouter ensemble. Elle nous dit que cela ne s’était jamais produit auparavant parce que les deux troupeaux vivaient habituellement éloignés et que les étalons n’étaient pas particulièrement amis. Elle nous raconta alors une autre histoire. Un jour un groupe de vétérinaires est venu pour examiner les chevaux. Le troupeau restait introuvable. Ania parcouru les prairies et la forêt toute la journée en vain. Dès que le groupe de vétérinaires décida de s’en aller et qu’elle s’est retrouvée seule sur une petite prairie entourée par la forêt, elle distingua un cheval qui la regardait caché derrière un arbre. Un à un les chevaux sortirent de leur cachette pour venir à sa rencontre. “C’est comme s’ils avaient envoyé cette jument en éclaireur pour vérifier si les vétérinaires étaient partis” — Elle rit en se remémorant la scène.

J’avais peur que la même chose puisse se produire lors de notre excursion. Peut-être que les chevaux nous considèreraient comme une menace et restent cachés dans les fourrés?

La chaleur devenait intenable. Ania décida de vérifier la zone de “la plage des chevaux” — des dunes de sable aux alentours de la forêt. Elle marchait en tête et d’un seul coup, je l’ai vu bouger, sauter et nous appeler pour nous dire qu’elle les avait trouvés. J’ai pensé: “Elle va effrayer les chevaux”. Je l’ai vu retirer ses bottes en caoutchouc et… courir tout droit, pieds nus, vers un troupeau de chevaux sauvages.




L’image était à couper le souffle — une foule de corps couleur sable et de crinières — les poulains endormis allongés sur le sol, quelques juments en train de se rouler, certains se reposant avec les yeux à demi clos — absolument pas dérangés par le comportement d’Ania. Elle courut au milieu du troupeau, les appelants par leurs noms, grattant ceux qui venaient pour recevoir des caresses. Ils se rassemblèrent autour d’elle. D’un seul coup elle devint plus excitée — elle remarqua un poulain de deux jours se cachant derrière la jambe de sa mère. La jument approcha, renifla les cheveux d’Ania, le bébé se tenant juste derrière elle. A distance cela ressemblait à une mer de crinières, de queues et de nez entourant un être humain — leur être humain qui leur rendait visite. Tous les chevaux étaient très doux. Ils semblaient impatients de la toucher ou d’être près d’elle mais sans se battre entre eux. L’image de cette femme pieds nus au milieu du troupeau de chevaux sauvages me restera à jamais.




Nous avons approché pour prendre des photos. Les chevaux n’étaient absolument pas dérangés par notre présence. Ils ont observe nos appareils photo pendant un moment, puis, certains ont approchés pour nous renifler, exploré nos sac à dos et ont finalement présenté des parties de leur corps pour réclamer des caresses. Nous avions tous la sensation que le temps s’était arrêté, à cet instant tout était réuni — la respiration calme des poulains endormis, le chant des oiseaux accueillant le printemps, de temps en temps le bruit d’un pied de cheval piqué par un taon qui frappait le sol. Tout était parfait ainsi, le temps n’avait pas de limites et il n’y avait plus de mystère — un moment parfait.

Ces chevaux ne connaissaient pas les selles, les licols, les homes sur leur dos ou l’entraînement de quelque sorte. Toute leur vie ils s’étaient déplacés librement dans les espaces ouverts des marécages de Biebrza. La plupart d’entre eux étaient nés là et avaient vécu toute leur vie sans être dérangés par les besoins, les attentes et les idées des hommes. Les seuls avec lesquels ils étaient en contact — Ania et Irek, sont des gens qui surveillent le bien-être du troupeau. Ils ne font que leur rendre visite, leur offrir quelques caresses, passer du temps avec eux, se coucher dans la prairie et les observer. Ils en savent beaucoup sur chaque membre du troupeau, ils voient s’ils sont heureux et en bonne santé.




A un moment Ania, qui était assise au milieu du troupeau et parlait au téléphone, se leva et décida que la visite était terminée. Nous étions curieux quant au pourquoi. “Je sens qu’ils en ont assez que nous fassions des photos et que nous dérangions leur sieste. Allons nous en, sans quoi ils vont quitter la plage”. A cet instant je réalisai combien la connexion qu’elle avait avec les chevaux était profonde. Elle avait ressenti leurs émotions avant que quiconque n’ait pu noter le moindre changement dans leur comportement. Leur bien-être était plus important pour elle que l’excitation de touristes faisant des photos. Les chevaux en avaient assez de notre présence donc nous devions les quitter sans plus les déranger.




Sur le chemin du retour je me remémorais mon rêve d’enfance dans lequel je rampais dans les taillis pour apercevoir des chevaux sauvages. Comme cette expérience était loin de ce à quoi j’avais pu m’attendre! J’étais la bienvenue au milieu de ces animaux et me suis immédiatement sentie immergée dans le calme de leur présence, sans rien en attendre ni aucun besoin — Ils ont juste partagé quelque chose avec nous — quelque chose qui a été perdu au cours des années de quête de civilisation et pourtant quelque chose de si évident pour eux. Pendant un instant j’ai compris que nous pourrions ne faire qu’un avec eux, tout comme ils font un avec la nature environnante. Tout allait dans le bon sens, tout était parfait, du début à la fin sans interruption. Si seulement nous pouvions apprendre des chevaux au lieu de leur enseigner, alors nous comprendrions cela chaque seconde de notre vie.