Wednesday, May 13, 2009

Histoire d'un jeune cheval de course

par Kamila Olbromska

C'est arrivé seulement l'autre jour et ça restera gravé pendant longtemps dans ma mémoire. C'est seulement l'un des nombreux exemples, dans l'industrie dirigée par l'argent et le profit, et l'utilisation sans coeur d'un innocent, à qui, si l'on donnait une seule chance, donnerait tout pour assurer notre joie.

On trouve beaucoup de choses sur internet et à la télévision et je sais qu'à certains moments nous nous retrouvons face à des personnes déclarant qu'il s'agit de simple spéculation et de propagande. Je suis ici pour vous assurer que ce n'est pas le cas et pour parler de mon expérience personnelle.

L'amie de cette histoire m'a été proche pendant des années. Son père entraînait des chevaux de courses et elle avait réalisé son rêve d'élever et d'entraîner l'un des vainqueurs de la Melbourne Cup, donc sa décision de quitter l'entreprise n'a pas été prise à la légère. Lorsque j'étais étudiante infirmière et alors que mon amie débutait en tant qu'entraîneur, j'ai travaillé pour elle pendant quelques années. J'étais blasée en pensant que tous les chevaux présents sur la piste étaient traités comme les siens, donc rien ne m'avait préparée à ce que j'ai vu de mes propres yeux ce matin d'automne. Utiliser les chevaux pour nos propres gains est toujours un abus et beaucoup d'entre nous ont abusé par ignorance mais ont changé grâce à l'acquisition de connaissances justes. Cette histoire est un des cas non isolés de cruauté délibérée. La cruauté derrière l'image glamour des courses est très réelle et malheureusement, légale. Faisons-en quelque chose du passé.


J'ai une amie qui a entammé la dispersion de son troupeau de purs sangs inscrits au Stud-book dans la Hunter Valley. Elle a perdu ses illusions en tant qu'entraîneur de l'industrie des courses et se sépare petit à petit de ce qu'elle a construit. La propriété avait été vendue en leasing à un riche propriétaire depuis deux ans et comme je l'aidais à terminer à boucler ses affaires, un camion de chevaux arriva. Depuis les deux derniers mois je lui avais dit beaucoup de ce que j'avais appris sur les mors, les fers et ce que les courses provoquent chez un cheval. Malgré le passé familial, très ancré dans l'industrie des courses, elle a toujours pris en compte ce que je disais. Peut-être que j'ai eu un peu d'influence sur sa décision d'arrêter l'entraînement. Je n'en suis pas sûre mais je me plais à le penser.

Ceux qui ont acheté cette écurie avaient déjà près de 40 chevaux là-bas. Douze de plus dans le camion, certains venant juste d'être achetés. Je les ai regardés être déchargés et pointés sur une liste, pas de noms, seule identification: la race, le sexe et un numéro. Ils avaient dépensé 50 millions de $ dans l'achat de chevaux l'année précédente. De pauvres bébés terrifiés, les mors en bouche descendus en main par un homme. J'avais vu les chevaux de courses de la famille de mon ex-mari et ceux qui avaient appartenu à cette amie dans le passé, mais jamais sous ce jour. Voir cela sur un écran d'ordinateur ou à la télévision est tellement différent de la réalité.

J'ai posé le carton que je transportais dans notre camion et observais le conducteur du camion hurler après un poulain dans le camion à chevaux, il sorti alors et dit à l'homme cité auparavant que ce cheval venait d'être acheté pour seulement 2 millions de $ et que c'était un vrai bâtard. Il retourna alors dans le camion et hurla encore plus, s'en suivirent des coups dans le camion et je le vis faire secouer une longe et l'entendit l'accrocher à ce pauvre poulain. Il le traîna dehors, les yeux sauvages et effrayés, traîné par un mors et se faisant traîter de tous les noms d'être si effrayé. Ensuite, alors qu'ils étaient tout deux descendus du pont, l'homme tenant le cheval donna quelques coups secs sur la longe, lui tirant sur la bouche. Le poulain se cabra, frappant avec ses antérieurs, tout cela entraînant encore plus de coups et de noms d'oiseaux. Le nouveau propriétaire de l'écurie riait alors que l'homme frappait le pauvre bébé tout au long du chemin menant à l'enclos des étalons. J'ai demandé à mon amie comment elle pouvait regarder cela quotidiennement, elle m'a répondu que c'était la raison pour laquelle elle partait, elle ne le pouvait plus.

Après que tout le monde soit parti, que notre camion soit chargé,et avant de partir à notre tour je suis allée voir ce poulain. Il restait dans le coin de son enclos, me regardant de façon suspecte. Si jeune et déjà si effrayé. La curiosité a été la plus forte au final et il est venu me dire bonjour. Jeune coeur si tendre. Mon coeur est allé vers lui. Un jour ils allaient détruire la moindre once d'esprit en lui, puisque son prix avait déjà été fixé et qu'il feraient tout pour en tirer au moins l'équivalent. Je me demande si au fond de lui il connaissait son destin. J'espérais qu'en restant là, jouant avec mon pullover et mes cheveux, il aurait un moment de paix, loin de la réalité de ce monde.

Et maintenant je suis assise chez moi, pensant toujours à lui, me demandant à quel point il a pu être maltraité après que je l'ai quitté, à quel point il allait souffrir et être cassé ici et là au cours de sa carrière de cheval de course, puis de père, et ensuite? Une partie de moi aurait aimé ne jamais être allé aider mon amie à terminer son déménagement. Ne jamais avoir posé mes yeux sur ce poulain, qu'il ne m'ait jamais regardé dans les yeux tout en approchant dans l'enclos, pour que je puisse le sortir de mon esprit. Mais une autre partie de moi lui est très reconnaissante, d'avoir mis un visage sur l'énorme échelle des opérations et à quel point elles sont froidement effectuées. Je suis sûre que je le verrai courrir de temps en temps sur l'écran du pub du coin, que j'entendrai mentionner son nom, que j'entendrai parler de sa personnalité et je me rapellerai toujours comment il essaya si fort de se battre contre l'injustice du traîtement qu'il recevait, et alors la gentillesse dans ses yeux lorsqu'il fut approché par quelqu'un qui connaissait sa douleur. Je me demande juste, qui donne à ces hommes le droit de penser qu'ils peuvent agir ainsi envers un autre être. L'argent est vraiment la racine de tous les maux.

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